Thorizon est une startup franco-néerlandaise développant un petit réacteur nucléaire à sels fondus. Sa particularité est d’enfermer le combustible dans des cartouches, ce qui permet de circonscrire la corrosion.
Technologie Thorizon
Réacteur rapide à sels fondus
Le réacteur Thorizon One développé par Thorizon pourrait produire 250MWth (100 MWe) et aurait un système de stockage d’énergie.
Son originalité est l’utilisation de cartouches interchangeables qui permettent de répondre à la problématique de la corrosion des structures par les sels. Les cartouches isoleraient la corrosion et auraient une durée de vie de 5 ans. Cela facilite grandement la gestion du combustible (notamment le chargement/déchargement), qui est une problématique récurrente pour les sels fondus.
Proposent d’associer à terme un stockage à sels fondus pour flexibiliser la production électrique sur une puissance entre 50 et 300MWe.
La sécurité est passive : quand une des pompes ne fonctionne plus, le sel va dans la partie inférieure, qui est par nature non critique, ce qui entraîne l’arrêt du réacteur.
Leur cible est la production d’électricité et de chaleur.
Ils utilisent un peu de thorium, mais en faibles quantités, pour ses propriétés sur le sel, pas comme combustible.
Ils prévoient de ne pas exploiter leurs réacteurs.
Avancement et partenariats
Tractebel, EDFet PTZ sont présentés comme des soutiens. Un partenariat a été formalisé entre Thorizon, Demcon et VDL Groep (en 2024 ?) sous forme de lettre d’intention et d’une demande de subvention.
Le projet présenté à l’AAP « réacteurs nucléaires innovants » est nommé « PROXIMA ». Il rassemble notamment Orano, Oakridge et les unités mixtes de recherche UCCS et UMET. Néanmoins je n’ai pas trouvé d’autres référence au terme.
Elle est aussi associée à Naarea et Stellaria pour mutualiser leur recherche.
Histoire et financement
Thorizon est un spin-off de l’institut de recherche nucléaire néerlandais (NRG, l’équivalent du CEA français) fondé par Lucas Pool et Sander de Groot. Le projet PROXIMA est l’un des lauréats de l’appel à projet « Réacteurs nucléaires innovants » du plan France 2030. Pour cela, elle s’était implantée en France, à Lyon.
Ils ont levé 12,5M€ en 2022 dans un tour mené par Positron Ventures avec notamment un futur fournisseur, l’entreprise Huisman.
Stellaria est une startup française essaimée par le CEA développant un petit réacteur nucléaire à neutrons rapides à sels fondus.
Technologie Stellaria
Réacteur rapide à sels fondus « Stellarium »
Le réacteur Stellarium développé par Stellaria est un réacteur à neutrons rapides à sels fondus.
Le dimensionnement était de 250 MWth (110 MWe) au moment de l’appel à projet, mais semble maintenant de 180MWe.
Il fonctionnerait par paire.
Le réacteur fonctionne sans rechargement de combustible pendant 20 ans. Le combustible peut être de l’uranium de type HALEU (High-Assay Low-Enriched Uranium). S’agissant de la chimie des sels fondus, un groupe de recherche a été réalisé chez Orano avec Thorizon et Naarea pour mutualiser la R&D sur la synthèse des sels, leur retraitement et la maîtrise de la corrosion.
Leur cible est la production d’électricité et de chaleur.
Le réacteur est très réactif, pouvant aller de 0 à 100% en 3 minutes. Il est enterré et bénéficie de 4 barrières de confinement (comme la plupart des SMR).
Ce projet rassemble plusieurs partenaires, dont notamment Technip Energies, le CEA et Schneider Electric.
Avancement
Le groupe marseillais Unitel Technologies a développé en décembre 2024 un cluster AI / HPC (Artificial intelligence for High-Performance Computing) pour créer un jumeau numérique du réacteur nucléaire.
Stellaria a annoncé en 2024 « mettre en service son premier réacteur en 2033, et des réacteurs en série dès 2035. » (1)
Histoire et financement
En 2022, le CEA avait lancé un appel à idée auprès de ses collaborateurs. Parmi les idées présentées, il y avait Hexana et Stellaria, qui ont été effectivement créées et présentées le 9 mars 2023. Stellaria a été fondée par Nicolas Breyton, issu de Schneider Electric, par Guillaume Campioni, Bruno Desbrière, Antoine Gerschenfeld et Lucas Tardieu, tous les 4 issus du CEA.
Le projet Stellarium est l’un des lauréats de l’appel à projet « Réacteurs nucléaires innovants » du plan France 2030.
- (1) https://www.stellaria.fr/stellaria-france2030-innovative-reactors-winner/
L’appel à projet « Réacteurs nucléaires innovants » a été lancé le 2 mars 2022 pour soutenir, notamment, le développement de nouveaux petits réacteurs modulaires.
Les candidatures ont été clôturées le 28 juin 2023. Il est opéré par BPIFrance avec le soutien du CEA et doté de 500M€.
Le dispositif se structure en plusieurs phases, « en entonnoir », dans la logique des startup studio.
Phase 1
Dans la suite de l’appel à projets « réacteurs nucléaires innovants » doté de 500M€, 5 projets se sont vus attribuer en novembre 2023 77M€ :
- Jimmy (32Mn€), micro-réacteurs thermiques.
- Renaissance Fusion, fusion nucléaire.
- Calogena, micro-réacteurs thermiques pour chauffage urbain.
- Hexana,
- Otrera nuclear energy
- Blue Capsule
25M€ avait été attribués quelques mois plus tôt à Naarea (pour son XAMR) et Newcleo.
Les trois derniers lauréats, recevant un total de 27.8M€, ont été annoncés le 25 mars 2024 : le Stellarium de Stellaria, le projet Proxima de Thorizon et le projet Taranis de GenF. (2)
Le projet SPARTA de Neext engineering a également reçu 10M€, mais je n’ai pas trouvé de communication pour cet AAP. A priori, il s’agit d’un financement en dehors, simplement rattaché à France 2030.
Phase 2 : preuve de concept
La seconde phase aura vocation à prouver plus avant le concept. Il sera plus restrictif.
- (1) Juliette Raynal, « Nucléaire : l’Etat injecte près de 100 millions d’euros pour soutenir ses futurs champion », La Tribune, 27 novembre 2023
- (2) Muriel Motte, « Onze sociétés travaillent aujourd’hui en France à la conception de SMR destinés à la décarbonation de l’économie Cocorico ! », L’opinion, 25 mars 2024
Neext Engineering est une entreprise française qui a commencé par développer un petit réacteur nucléaire au plomb avant de se focaliser sur une technologie de liquide améliorant le rendement des turbines.
La technologie de Neext Engineering
Neext Engineering a commencé par développer un réacteur nucléaire au plomb, avant de se focaliser sur des fluides novateurs multipliant le rendement des turbines.
Le réacteur à plomb Neext Engineering
Neext Engineering a commencé à travailler à développer un réacteur à plomb liquide basé sur un design de Westinghouse.
Deux versions étaient envisagées : Sparta 2030 et le Sparta 2030+, la seconde version étant plus sûre.
A priori ils ont abandonné ce projet au profit du seul projet Sparta.
Le projet Sparta : des fluides novateurs pour multiplier le rendement des turbines
Depuis novembre 2024, Neext Engineering bénéficie une licence exclusive pour commercialiser un fluide breveté par le CNRS permettant de gagner 30 ou 40% de rendement pour les turbines en couplant une action chimique dégageant de l’énergie au cycle thermodynamique classique. C’est le « cycle à fluide réactif ». « C’est comme s’il poussait des deux mains sur l’ailette ». « En théorie, on pourrait faire de la détente isotherme ». (1)
C’est le projet SPARTA. Il rassemble notamment le CNRS LRGP et Arabelle Solutions.
Financement et histoire de Neext Engineering
Neext Engineering a été fondée en 2022 et est dirigée par Jean Maillard, Nicolas Moulin et Alexis Sesmat.
Ils ont levé plus de 400K€ en crowdfunding.
10M€ ont été alloués à SPARTA au titre de France 2030 (et non du dispositif spécifique « réacteurs nucléaires innovants« , à confirmer), dont 7.35M€ pour Neext Engineering.
- (1) SFEN, [Replay]Réacteurs innovants: nouveaux acteurs, nouvelles technologies | Session 7: NEEXT ENGINEERING, 27 avril 2023
- (2) Elsa Bembaron, Neext Engineering : une start-up belfortaine nucléaire face au casse-tête des aides France 2030
- (3) Anthony Rivat, Une start-up de Belfort à la pointe de la transition énergétique, L’Est Républicain
Blue Capsule est une entreprise française issue du projet ASTRID développant des micro-réacteurs nucléaires à haute température (HTR).
Les réacteurs nucléaires Blue Capsule
La technologie
Les réacteurs pourraient produire 150MWth soit 50MWe. C’est un réacteur à haute température (HTR) utilisant le combustible TRISO, comme Jimmy. Le choix du niveau d’enrichissement dépendra de l’arbitrage entre coût/durée de recharge. Ils envisagent aussi le HALEU. Il est basé sur la chaudière des réacteurs à sodium (type ASTRID).
Le caloporteur est l’air, refroidi par une piscine de sodium en convection naturelle. Pour limiter les contraintes associées au sodium, ce dernier n’est pas en contact avec les composant maintenus.
Ils ont envisagé 3 vecteurs :
- L’air : un réacteur pourrait produire 310t/h d’air à 700°C et 10 bars
- La vapeur (ex : 128t/h de vapeur à 400°C et 20 bars)
- L’électricité
La modération serait faite par des blocs de graphite hexagonaux.
Le réacteur aurait une durée de vie de 60 ans. (1) Pour la maintenance, la solution privilégiée est de transportée en usine la capsule tous les dix ans en raison de la difficulté de maintenir une structure utilisant du sodium.
Avancement et annonces
Ils visent surtout la production de chaleur. Par exemple, pour la production d’une usine de soude nécessiterait 385t/h à 280°C et 36 bars, autant à 250°C et 17 bars et autant à 230°C et 6 bars, ainsi que 40MWe. L’ensemble pourrait être couvert avec 6 unités Blue Capsule. Les cibles sont l’électrolyse haute température, la production d’ammoniac, la pyrolyse de méthane, etc.
Si la plupart des composants du réacteurs « sont matures technologiquement », « c’est la première fois qu’un réacteur Triso refroidi au sodium est développé. » (2)
Le coût de revient cible est 50€/MWh, ce qui serait compétitif avec le gaz (moyenne sur 5 ans fin 2023). (1) Ils annonçaient un lancement de construction en 2027 et un démarrage de tête de série en 2035.
Histoire et financement de Blue Capsule
Blue Capsule a été fondée par Edouard Hourcade (20 ans au CEA, cadre dans le projet ASTRID), Alexis Burdeau (financier) et Alexey Lokhov. Edouard Hourcade présente le projet comme un « enfant d’ASTRID ».
Blue Capsule a été lauréat du dispositif « Réacteurs nucléaires innovants » de France 2030.
Le 21 janvier 2025 l’entreprise a annoncé avoir levé 2 millions d’euros auprès notamment d’Exergon et d’EREN Industry.
- (1) SFEN, [Replay] Réacteurs innovants : nouveaux acteurs, nouvelles technologies | Session 10 : BLUE CAPSULE, 20 juin 2023
- (2) https://www.techniques-ingenieur .fr/actualite/articles/le-refroidissement-a-lair-nous-assure-une-totale-autonomie-et-une-plus-grande-surete-131457/
Rq : leur site internet est terriblement laid et, surtout, non responsive. Faites un effort les gens SVP … xX Il y a un vrai problème de crédibilité là.
Otrera Nuclear Energy est une petite startup française développant un réacteur à neutrons rapide au sodium de 110MWe.
Le réacteur Otrera Nuclear Energy
Otrera Nuclear Energy développe un réacteur à neutrons rapide au sodium, dans la suite du réacteur Superphénix et du projet ASTRID.
Le premier réacteur, OTRERA 110, cible la production de 110MWe et 180MWth de chaleur à 100-150°C, intéressante pour un réseau de chaleur ou la producton d’hydrogène. La conception serait « hyper-modulaire », ce qui faciliterait le développement d’autres gammes de réacteurs, par exemple à 20MWe.
En termes de combustible, le réacteur n’aurait pas besoin de recharge pendant 10 ans.
Le réacteur serait enterré et pourrait être installé en moins de 3 ans.
Le combustible serait du MOX.
Histoire et financement d’Otrera Nuclear Energy
Otrera Nuclear Energy a été fondée par Frédéric Varaine en janvier 2023. Ingénieur en génie atomique, il a travaillé 25 ans au CEA et été chef du projet ASTRID de 2016 et 2019.
Grégory Cherbuis est présenté comme cofondateur, mais il n’a rejoint le projet qu’en décembre 2023, je ne comprends pas trop du coup.
Otrera Nuclear Energy a été lauréat de l’appel à projet « Réacteurs nucléaires innovants » du plan France 2030
Elle a été accompagnée par la pépinière Cleantech du Technopôle de l’Arbois.
Le TMSR-LF1, ou réacteur expérimental à combustible liquide à base de thorium, est une installation nucléaire pilote située dans le nord-ouest de la Chine. Ce réacteur de 2 MW thermique appartient à la quatrième génération de réacteurs nucléaires, avec une conception basée sur la technologie des réacteurs à sels fondus (MSR).
Contexte et Développement
Le projet TMSR (Thorium Molten Salt Reactor) a été lancé en 2011 par l’Académie des Sciences de Chine (CAS).
Genêse
L’objectif est de développer une technologie avancée offrant des avantages en matière de sûreté, de gestion des déchets et d’utilisation des ressources thorium. L’Institut de Physique Appliquée de Shanghai (SINAP), une division de la CAS, a été chargé du développement et de la gestion du projet. La conception s’inspire de l’expérience menée dans les années 1960 au Oak Ridge National Laboratory aux États-Unis.
Construction
La construction du TMSR-LF1 a débuté en 2018 sur un site industriel dans la région aride de Minqin, province du Gansu. Achevée en 2021, l’installation a obtenu son permis de mise en service en 2022. Le réacteur a atteint la criticité en octobre 2023.
Le coût total du projet a été de 3 milliards de yuans (environ 450 millions de dollars).
Perspectives
Un projet SMR de 60 MW thermiques basé sur cette technologie est prévu sur le même site avec une construction débutant en 2025 et une mise en service estimée à 2029. Ce futur réacteur intégrera une turbine à gaz fermée utilisant du dioxyde de carbone supercritique pour convertir l’énergie thermique en 10 MW électriques. Des applications supplémentaires, comme la production d’hydrogène par hydrolyse à haute température, sont également envisagées.
Spécifications Techniques
Le TMSR-LF1 se distingue par les éléments suivants :
- Puissance thermique : 2 MW.
- Combustible : Mélange de fluorures (FLiBe), contenant du thorium et de l’uranium faiblement enrichi (HALEU, avec 19,75 % d’U-235).
- Modérateur : Graphite.
- Réfrigérant primaire : FLiBe avec une plage de température allant de 560 °C à 580 °C.
- Structure : Alliage super-résistant UNS N10003.
- Durée de vie prévue : 10 ans, avec un fonctionnement initial en mode par lots pendant 5 à 8 ans avant le passage en mode continu.
Le petit réacteur modulaire Nuward
La technologie
Le petit réacteur modulaire Nuward est un réacteur à eau pressurisée fonctionnant à l’uranium faiblement enrichi composé de 2 modules de 170MWe.
« La particularité de de Nuward, comme une bonne partie de ses concurrents, c’est un réacteur intégré [ce qui signifique que] tout le circuit primaire est à l’intérieur de la cuve. » Explique Renaud Crassous, président de Nuward. Il détaille : « Il y a plus de boucle, plus de pressuriseur ni générateur de vapeur en dehors de la cuve. » Cela implique plusieurs innovations. D’abord, la cuve est dans une enceinte métallique, ce qui crée une barrière supplémentaire. Ensuite, elle est sous une enceinte béton qui est, elle-même, sous un cube d’eau, « qui sert de réserve d’eau passive pour le système de refroidissement passif du réacteur à l’arrêt. » (2)
Lorsque le réacteur est à pleine puissance, « on ne rentre pas dans l’enceinte métallique, donc on va pas faire de la maintenance sur le réacteur. » Néanmoins, il est possible de faire de la maintenance sur un des deux réacteurs indépendamment. (2)
Les progrès
La structure Nuward (abréviation de Nuclear Forward) a été créée en mars 2023 pour englober les travaux antérieurs. Il rassemble la crème du nuclaire français : EDF, le CEA et Naval Group, rien que ça ! Le projet date néanmoins de 2019.
Le dossier d’option de sûreté de Nuward auprès de l’ASN a été déposé le 19 juillet 2023. Dans le communiqué de presse, ils annocent viser un début de construction en 2030. (3)
Dans un interview sur BFM Business, Renaud Crassous évoque un point très intéressant : Nuward est conçu pour répondre aux réglementations actuelles, ce qui ne serait pas le cas des micro-réacteurs comme Naarea, qui auront besoin, eux, d’une nouvelle réglementation. Ce besoin est un point souvent abordé par l’industrie. (1)
En juillet 2024, Nuward a annoncé faire évoluer le design de son réacteur pour n’inclure que des « briques technologiques éprouvées » pour offrir « de meilleures conditions de réussite en facilitant la faisabilité technique ».
Renaud Crassous est devenu vice-directeur de la division production nucléaire d’EDF le 6 janvier 2025, laissant la place de Président exécutif de Nuward à Julien Garrel. (5)
- (1) Renaud Crassous (Nuward) : Nucléaire, les petits réacteurs ont le vent en poupe, Youtube, 31 mars 2023
- (2) Quel avenir pour les petits réacteurs nucléaires ? Webinaire avec Renaud Crassous, Youtube, 10 novembre 2023
- (3) NUWARD annonce l’envoi à l’Autorité de sûreté nucléaire du Dossier d’Options de Sûreté de son SMR, marquant le début du processus de pre- licensing, 21 juillet 2023
- (4) https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7215987924771684352/
- (5) https://www.linkedin.com/posts/renaud-crassous-3392b894_im-excited-to-announce-that-i-will-be-taking-activity-7282024567986876416-MlB7
Toshiba et le nucléaire
Le Toshiba 4S : micro-réacteur à neutrons rapides
Technologie du Toshiba 4S
Le Toshiba 4S (« Super-Safe, Small & Simple ») était un petit réacteur à neutrons rapide refroidi au sodium ne nécessitant pas de changement de combustible jusque 30 ans. Il était conçu pour délivrer 10MWe et se destinait aux communautés isolées. Il était souterrain et avait des processus de sécurité passifs.
Progrès du Toshiba 4S
Le Toshiba 4S aurait été conçu dans les années 80-90 (1)
En 2005, Toshiba avait comme projet d’installer un exemplaire en Alaska, pour alimenter des populations locales. « Toshiba Corp. is developing an ultra-compact reactor with an output of about 10,000 kilowatts and has started procedures for approval in the United States, the Nikkei business daily said. » Sans préciser pourquoi, le projet mentionnait aussi la production d’hydrogène.
Un article de l’AFP écrit, en 2009 (je traduis) :
« Toshiba Corp. développe un réacteur ultra-compact d’une puissance d’environ 10 000 kilowatts et a entamé les procédures d’approbation aux Etats-Unis, a indiqué le quotidien économique Nikkei.
Le nouveau réacteur, le Toshiba 4S, est conçu pour minimiser les besoins de surveillance et de maintenance, avec une fonction d’arrêt automatique pour garantir la sécurité en cas de problème, indique le journal. »
En 2011, le Financial Times écrit:
« L’une des premières applications pratiques devrait être dans le village isolé de Galena en Alaska, où les autorités locales ont accepté de s’attaquer aux factures d’énergie écrasantes – les 675 habitants sont isolés par la glace de la rivière pendant huit mois par an – en installant un Réacteur Toshiba 4S (super sûr, petit et simple).
Celui-ci générera 10 MW d’énergie et, selon le constructeur, pourrait fonctionner pendant 30 ans sans ravitaillement. Si les plans se déroulent comme prévu, Toshiba installera l’usine gratuitement l’année prochaine. »
Je n’ai pas trouvé de nouvelles relatives à l’activité du Toshiba 4S depuis 2011. Il semble que l’accident de Fukushima a mis un point d’arrêt à son développement. La mention la plus récente que j’aie trouvée est dans un document de la NRC qui répond à une demande de Terrapower, qui cite au soutien de son projet Natrium les résultats du Toshiba 4S. (2)
MoveluX : micro-réacteur à haute température
Technologie du MoveluX
Le MoveluX utilise des caloducs remplis de sodium pour transporter la chaleur du cœur vers un circuit secondaire fonctionnant au gaz hélium.
Ce système permet d’atteindre des températures élevées, autour de 680 à 700°C, adaptées à la production d’électricité via un cycle Brayton ou à d’autres utilisations comme la production de chaleur industrielle ou d’hydrogène.
Son cœur utilise de l’uranium faiblement enrichi comme combustible et ne nécessite pas de rechargement pendant toute sa durée de vie.
En cas de perte de refroidissement, la chaleur résiduelle est dissipée passivement par la circulation naturelle de l’air autour de la cuve du réacteur, ainsi que par conduction thermique dans un espace rempli de plomb-étain. Ce système passif garantit une gestion efficace de la chaleur et réduit le risque de fusion du cœur.
Progrès du MoveluX
Le concept du MoveluX a commencé à être étudié en 2015, sur la base d’un réacteur spacial. Le principe a été fini en 2017 et le concept final a commencé à être étudié en 2019. La démonstration est prévue pour 2030.
L’iBR, un réacteur classique de génération III
L’iBR (innovative, intelligent and inexpensive BWR) de Toshiba est un réacteur de 1350MWe de génération III.
Sa principale innovation et de prévoir des systèmes de sécurité passive.
Voir (6) pour plus de détails
- (1) The enduring legacy of ACRS: Reviewing safety-licensing to protect the public, Nuclea NewsWire, 24/02/2023
- (2) TERRAPOWER, LLC – AUDIT PLAN FOR TOPICAL REPORT “DESIGN BASIS ACCIDENT METHODOLOGY FOR IN-VESSEL EVENTS WITHOUT RADIOLOGICAL RELEASE,” REVISION 0 (EPID NO. L-2023-TOP-0050), NRC,
- (3) Sylvia Pfeifer, Rush is on to develop smarter power, Financial Times, 28 septembre 2011
- (4) Japanese firms to develop small nuclear reactors, AFP, 24 octobre 2009
- (5) Yukon River chiefs wary about nuclear proposal, CBC North, 11 octobre 2005
- (6) iB1350: A Generation III.7 Reactor After the Fukushima Daiichi Accident, Sato et al., Conference: 2016 24th International Conference on Nuclear Engineering
Rolls-Royce SMR est la filiale du grand groupe britannique Rolls-Royce dédiée au petits réacteurs modulaires.
Le petit réacteur nucléaire Rolls-Royce
La technologie
Rolls-Royce développe un réacteur nucléaire à eau pressurisée de 470MWe.
Le prix anticipé est de 1,8Md£ par unité.
Les progrès
Le réacteur a été soumis au Generic Design Assessment (GDA), l’examen de conception britannique. Il a réussi la phase 2 le 30 juillet 2024.
Ils auraient déjà des Memorandums of Understanding avec l’Estonie, la Turquie et la République Tchèque (1). L’entreprise a également été choisie en 2023 pour le Central Hydrogen Cluster en Pologne.
En 2022, le président de Rolls-Royce SMR Paul Stein avait annoncé que leurs SMR seraient en ligne d’ici 2029 et que le « processus réglementaire » serait « probablement fini d’ici la moitié de 2024 ». (2) Un article de World Nuclear News de 2024 estime que la date prévue pour finir le processus complet était août 2026. (3)
La république Tchèque a choisit le SMR de Rolls-Royce pour un projet d’expansion nucléaire. Le premier réacteur devrait s’installer près de la centrale nucléaire de Temelín. (3)
Histoire et financement de Rolls-Royce SMR
Rolls-Royce s’est lancé sur la création d’un SMR en 2015. Un consortium mené par Rolls-Royce a bénéficié en 2017 d’une subvention du gouvernement britannique de 56M£ pour soutenir la R&D.
Néanmoins, Rolls-Royce SMR n’a été créé que plus tard, en novembre 2021, avec l’injection de 195M£ d’investisseurs privés et une subvention gouvernementale de 210M£.
Rolls-Royce a également bénéficié en 2023 d’une subvention brutannique de 2.9M£ pour imaginer un prototype de SMR pouvant alimenter une station spaciale. Leurs ingénieurs ont imaginé un prototype d’un mettre de large pour trois mètres de long.
Il a aussi bénéficié d’une subvention de 500M£, et a annoncé en mars 2023 qu’elle serait épuisée à la fin 2024.
En novembre 2023, Rolls-Royce possédait 76% de Rolls-Royce SMR. Les autres actionnaires sont la famille Perrodo (fondateurs du groupe pétrolier Perenco) (11%), le Qatar (10%) et Constellation Energy (un énergéticien américain) (3%).
A partir de 2019, Rolls-Royce avait cédé ses activités nucléaires classiques à ses concurrents : ses activités de services nucléaires à l’Américain Westinghouse en septembre 2019 et l’activité contrôle-commande à Framatome en janvier 2022.
Un changement notable est arrivé en octobre 2024 : l’opérateur nucléaire de la République Tchèque, ČEZ Group, a pris une participation de 20% de Rolls-Royce SMR. Cela vient avec un accord visant à développer jusque 3GW de SMR en République Tchèque et l’annonce de la construction de la première unité en 2025. L’investissement aurait été de plusieurs centaines de millions de livres. (3)
- (1) Czech Republic selects Rolls-Royce SMR for small reactors project, World Nuclear News, 19 septembre 2024
- (2) Rolls Royce plans first UK modular nuclear reactor for 2029, Power Technology
- (3) ČEZ takes Rolls-Royce SMR stake, plans to deploy 3GW fleet, World Nuclear News, 29 octobre 2024
Nuclearis Energy est une entreprise argentine développant un micro-réacteur nucléaire de 17MWe.
Les micro-réacteurs nucléaires de Nuclearis Energy
Nuclearis Energy développe un micro-réacteur nucléaire à eau pressurisée, utilisant de l’uranium faiblement enrichi classique.
Il aurait une efficience 30% supérieure en raison d’une capsule rassemblant un échangeur de chaleur et une double turbine à vapeur.
Une fois le carburant épuisé, on peut simpelment retirer le réacteur et l’utiliser comme silo de stockage.
C’est un réacteur qui se veut sans besoin de maintenance, avec une durée de vie de 20 à 30 ans, un facteur de capacité de 99%.

Le système de sécurité, passif, repose sur la convection naturelle. Les réacteurs seraient, en outre, souterrains.
L’entreprise et son financement
Nuclearis Energy a été fondée en 2009 et a commencé par concevoir des services et produits à destination de l’industrie nucléaire. Ce n’est qu’en 2024 qu’elle est entrée sur le marché des SMR.
Nuclearis a une page décrivant son histoire.
Holtec International est un poids lourd du nucléaire : le groupe conçoit et fabrique des pièces de réacteurs nucléaires depuis 1986. Il se diversifie aujourd’hui dans les PRM avec deux réacteurs : le SMR-160 et le SMR-300.
La technologie Holtec
Des réacteurs à eau pressurisée
Les petits réacteurs Holtec utilisent la technologie « classique » : l’eau pressurisée et l’uranium enrichi.
SMR-160
Un partenariat a été conclu avec GE Hitachi Nuclear Energy en février 2018 pour la commercialisation du concept.
En 2020, un accord a été conclu pour utiliser un assemblage de combustible de Framatome.
L’entreprise avait estimé en 2022 que sont premier SMR-160 serait construit en 2029, un an plus tôt que ce qu’elle avait prévu. (1)
Il avait été présenté à la NRC aux États-Unis sur le site de Palisades Nuclear Plant, mais le projet est suspendu depuis décembre 2023. (2)
Un partenariat avec l’opérateur nucléaire ukrainien Energoatom signé en mars 2018 prévoyait le développement de 6 SMR-160 en Ukraine. Le premier était annoncé pour 2026. (4)
SMR-300
Le SMR-300 est un réacteur modulaire de 300MWe.
Le SMR-300 été soumis au « Generic Design Assessment process », une procédure pour évaluer la conformité du concept aux normes, le 1er aoüt 2024
Une préapplication a été soumise pour un projet à Covert, dans le Minesotta aux USA, en 2027 (3).
Holtec International a racheté la centrale nucléaire de Palisades et repris la licence d’exploitation. La centrale avait été fermée le 20 mai 2022, après plus de 50 ans d’activité. En juillet 2023, le gouverneur du Michigan a aloué 150M$ pour le redémarrage de la centrale. La procédure d’autorisation de réouverture a commencé en octobre 2023. En décembre 2023 était annoncés deux SRM-300 sur ce site, pour une entrée en service mi-2030. (5)
HI-THERM Hybrid Solar Power (HCSP)
Le système HI-THERM Hybrid Solar Power (HCSP) est une centrale solaire à concentration combinée à un réacteur nucléaire. L’idée est que la chaleur est fournie par le réacteur nucléaire.
Le principe permettrait d’atteindre en moyenne 8MWh d’énergie par jour et par acre, contre 2,3-3,5 MWH pour les centrales à concentration classiques.
Activités et financements
En décembre 2023, le gouvernement britannique a attribué 30M£ à Hotel pour développer la présence de PRM au Royaume Uni.
L’entreprise a également des activités plus conventionnelles (gestion du carburant et des déchets, décommissionnement descentrales) et autres (installations de stockage d’électricité, construction civile, conception, fabrication, etc.).
C’est un grand groupe de l’énergie.
L’entreprise a créé une page présentant l’histoire de Holtec International, j’en recommande la lecture.
Références
- (1) Holtec ramps up SMR programme, eyes 2029 startup, World Nuclear News, 24 aout 2022
- (2) https://www.nrc.gov/reactors/new-reactors/smr/licensing-activities/pre-application-activities/holtec/smr160.html
- (3) https://www.nrc.gov/reactors/new-reactors/smr/licensing-activities/pre-application-activities/holtec/smr300.html
- (4) Construction de SMR-160 en Ukraine, SFEN, 6 aout 2019
- (5) Holtec Palisades, site Holtec International
La technologie de Core Power
Core Power développe une centrale nucléaire flottante (Floading Nuclear Power Plant, FNPP) pour petits réacteurs modulaires.
L’intérêt des centrales nucléaires flottantes (FNPP)
La nature flottante de la centrale la protègerait des séismes, volcans et tsunamis. Sa mobilité serait également un atout significatif, permettant de réagir rapidement à l’émergence d’un besoin d’énergie.
L’entreprise a développé son argumentaire dans un article dédié. Il rappelle les avantages classiques des réacteurs modulaires, comme la possibilité d’améliorer la productivité de l’installation. Il rappelle que les chantiers navaux ont démontré leur capacité à améliorer continuellement les procédés de conception. Il évoque aussi les bénéfices classiques des centrales nucléaires mobiles : la possibilité de s’adapter rapidement à l’émergence d’un besoin énergétique, ainsi que la facilité à le décommissionner.
Production d’ammoniac
L’installation pourrait également se combiner avec des industries, comme la production d’hydrogène et d’ammoniac, une des pistes pour décarboner le transport maritime. Selon leurs calculs, un réacteur Terrapower de 1,2GW permettrait de produire 1Mn de tonnes d’ammoniac par an, ce qui correspondrait à 440 000 tonnes de carburant conventionnel (very low sulfur fuel oil, VLSFO).
L’entreprise détaille ce projet dans un article. Elle explique que l’électrolyse à haute tempérture (SOEC) est intéressante pour une coproduction nucléaire, mais que le seul électrolyseur disponible commercialement est celui de Bloom Energy, qui n’est pas compétitif aujourd’hui en termes de CAPEX (>4000$/kW, contre ~1200 pour un électrolyseur alcalin et ~1800 pour l’électrolyse PEM), mais pourrait le devenir en 2050 (tous ~500$/kW).
L’entreprise a également imaginé une barge de désalinisation de l’eau. Elle le développe dans un article dédié.
Limites
L’entreprise n’évoque pas le problème des tempêtes sur le site. Le problème de la corrosion, surtout s’ils comptent produire de l’hydrogène en mer, sera aussi un obstacle à surmonter.
Ensuite ce sont des challenges qui ont déjà été surmontés par l’oil&gas. Reste à voir si le nucléaire pourra aussi.
Les progrès de Core Power
Le CEO a déclaré prévoir les premières commandes de vaisseaux équipés de réacteurs nucléaires vers 2028-2029.
Terrapower
Core Power a signé avec Terrapower un contrat pour participer à la conception d’un réacteur à sels fondus dans le cadre du programme Molten Chloride Reactor Experiment (MCRE).
Les deux entreprises participent à un consortium qui a signé deux mémorandums of understanding (MOU) avec le Japon. Un en janvier 2022 et un en novembre 2023.
Westinghouse
Westinghouse a annoncé le 26 novembre 2024 travailler avec Core Power pour la conception d’une centrale nucléaire flottante utilisant le microréacteur eVinci. Le géant britannique avait également signé un partenariat avec un concurrent de Core Power, Prodigy Clean Energy.
Financement de Core Power
Core Power été créé en 2018 au Royaume Uni, mais travaillant beaucoup avec le Japon. L’entreprise a levé 104,7M$ sur 4 tours d’investissements :
- Décembre 2018 (800k$)
- Janvier 2019 (3.5M$)
- Décembre 2020 (15.4M$)
- Octobre 2022 (85M$ venant notamment de 13 entreprises, dont Onomichi Dockyard et Imabari Shipbuilding)
Ils ont publié plusieurs conférences intéressantes. En voici une :
Références
- Arron Larson, You’ve Heard of Offshore Wind; Now, Offshore Nuclear Is a Thing, 1er septembre 2022, Power
Prodigy Clean Energy est une entreprise canadienne développant des centrales nucléaires transportables sur terre ou sur mer.
La technologie Prodigy
Les promesses des réacteurs mobiles
Réactivité
La promesse des réacteurs mobiles est de pouvoir déployer rapidement des moyens de production d’énergie en fonction de la demande. Cela répondrait à un problème récurrent pour la construction d’infrastructure énergétique : le création des nouveaux moyens de production arrive longtemps après l’émergence du besoin en général.
Grâce à des réacteurs mobiles, on pourrait répondre immédiatement à l’émergence d’un nouveau besoin (probablement le temps de construire un réacteur fixe).
Facilité du décommissionnement
Les installations pourront à la fin de leur vie, pour être décommissionnées, être transportées dans une installation spécialisée.
Les deux types s’installations
La « Microreactor Power Station TNPP »
La Microreactor Power Station est réacteur nucléaire pouvant être transporté par mer ou par terre.
Ce modèle est développé avec WestingHouse, pour le réacteur eVinci de 5MWe. Les deux entreprises ont signé un accord en 2022.
La « Marine Power Station TNPP »
La Marine Power Station est une centrale nucléaire conçue pour être « les pieds dans l’eau » en bordure de mer.
Ce modèle est développé avec Nuscale depuis octobre 2022, après un memorandum of understanding signé en 2018.
Les progrès de Prodigy Clean Energy
Prodigy Clean Energy a noué des partenariats avec plusieurs entreprises développant des petits réacteurs nucléaires.
L’idée est d’utiliser leur technologie et de la rendre portable. Pour l’instant elle a de tels partenariats avec Westinghouse et Nuscale.
Présentation globale des progrès
Partenariat avec Kinetrics
Prodigy a annoncé un partenariat avec Kinectrics, un fournisseur de « services de gestion du cycle de vie pour l’industrie de l’électricité ». Cela implique des conseils tant pour la production d’électricité que pour le décommissionnement de installations.
Les financements de Prodigy Clean Energy
En terme de financement, je n’ai trouvé qu’une subvention
Prodigy Clean Energy a obtenu en octobre 2024 une subvention du gouvernement canadien de 2,75M$ dans le cadre du Programme facilitant les petits réacteurs modulaires. Cette somme finance des recherches.
Références:
- Prodigy and Westinghouse Targeting Launch of eVinci Floating Nuclear Plant in Canada by 2030, Power, 24 janvier 2024
NuScale développe des réacteurs modulaires à eau légère, combinant 6 modules de 77 MWe pour une puissance totale de 462 MWe, avec des dispositifs de sécurité passifs innovants. Malgré l’annulation du projet CFPP dans l’Idaho en 2023 pour cause de coûts en hausse, la technologie suscite un intérêt mondial (Pologne, Roumanie) pour des projets industriels et énergétiques.
Le réacteur modulaire Nuscale
La technologie
Le réacteur Nuscale est basé sur un petit réacteur à eau légère développé par l’Université d’Oregon au début des années 2000. Plusieurs petits modules sont assemblés pour faire un réacteur.
Les unités sont partiellement immergées dans une piscine commune. Il y a plusieurs « approches inédites pour accomplir les fonctions de sécurité clés » de manière passive: il n’y a pas besoin de générateur diesel d’urgence, ni de pompe d’injection en cas d’incident. C’est un gros atout, qui pourrait empêcher complètement que se reproduisent des accidents comme Fukushima ou Tchernobyl, qui résultaient justement du dysfonctionnement des pompes et générateurs.
La taille des modules Nuscale : 50MWe ou 77MWe ?
Les modules Nuscale ont évolué avec le temps. Ils devaient initialement générer jusque 160 mégawatts thermiques (MWth), pouvant être transformés en 50 mégawatts d’électricité (MWe). Ils devaient être combinés par 12, en réacteurs de 600MWe au total.
Ensuite, le projet CFPP prévoyait ensuite de les faire passer à 60MWe.
Au final, le projet s’est fixé sur des modules de 77MWe, assemblés par 6, totalisant une puissance de 462MWe. (4)
Les centrales sont nommées VOYGR.
Progrès
Nuscale a été créée en 2007 et est basé à Portland, dans l’Oregon. Elle exploite une technologie développée entre 2000 et 2003 à l’Oregon State University.
L’U.S. Nuclear Regulatory Commission (NRC), l’agence de régulation nucléaire américaine, a certifié le 19 janvier 2023 son module de réacteur de 50MW.
Le 16 décembre 2024 Nuscale a été validée la « Revue technique de sécurité » (Technical Safety Review », TSR) de l’agence internationale de l’énergie.
Le Carbon Free Power Project (CFPP) dans l’Idaho
Le premier projet, le Carbon Free Power Project (CFPP) dans l’Idaho avait été annoncé en 2015. Il avait été annoncé pour 2023 pour un coût de 3Md$. (13)
Il a été annulé le 8 novembre 2023 en raison d’un nombre insuffisant de souscriptions. Le prix était passé de 58$/Mwh à 89 en raison de la hausse du prix des matériaux (plaques d’acier (+54%), rubes en acier (+106%), cables en cuivre (+32%), équipement électrique (+25%) et acier d’infrastructure (+70%)) et des taux d’intérêts (x2). Le prix estimé de construction est passé de 5,3 à 9,3 Md$. (8)
Le projet CFPP bénéficiait d’une subvention de 1,4Md$ pour 2020-2030 et avait déjà reçu 232M$ fin 2023.
C’était à destination de ce projet qu’avait commencé à être forgé le premier module dans l’usine de Doosan Enerbility le 2 mai 2023.
Le réacteur pour KGHM en Pologne
KGHM est un producteur de cuivre et d’argent important en Pologne et un gros consommateur d’énergie. Le grand groupe a prévu de se doter d’un PRM. Un accord pour commencer les travaux a été signé en février 2022.
Un document publié en septembre 2023 précise le projet, décrivant trois phases pour choisir un lieu adapté. Un article du 13 novembre 2023 laisse planer le doute sur la certitude du projet :
« L’entreprise a souligné que la décision de principe positive concernant les SMR prise par le ministère polonais du Climat et de l’Environnement en juillet 2023 comportait aussi d’autres options technologiques, dont une concernant le SMR de Rolls-Royce, le Nuward d’Électricité de France (EDF), le SMR-160 d’Holtec et le BWRX-300 de GE Hitachi. »
Le réacteur pour RoPower Doicești en Roumanie
En janvier 2023, Nuscale et la société RoPower Doicești en Roumanie avaient signé un contrat pour rétroffiter une centrale à charbon.
Nuscale a annoncé la phase 2 de conception « Front-End Engineering and Design » dans son rapport trimestriel du troisième trimestre 2024. (3)
Nucor (USA, acier)
Nucor est un producteur d’acier recyclé. Le procédé de fonte, par arc électrique, demandant énormément d’électricité, l’entreprise explore avec Nuscale la possibilité de s’équiper d’un PRM pour ses éco-produits de marque « Econiq ».
Le Memorandum of Understanding (MOU) a été annoncé le 16 juin 2023.
Standard Power (Data center)
Standard Power est un hébergeur informatique (« Infrastructure As A Service ») pour entreprise de traitement de données. Ils ont annoncé vouloir recourir aux réacteurs Nuscale pour alimenter leurs installations avec deux réacteurs de 12 modules. Ils seraient opérés par ENTRA1 Energy. (11)
Simples partenariats
Nuclearelectrica (Roumanie)
Nuscale et Nuclearelectrica ont signé un MOU en mars 2019 pour développer l’énergie nucléaire en Roumanie. (9)
Prodigy Marine Power
Prodigy est « une entreprise canadienne spécialisée dans le développement de centrales nucléaires transportables » avec laquelle Nuscale développe un réacteur marin, la « Marine Power Station », composée de 1 à 12 modules Nuscale. (10)
Evolutions de l’action
Néanmoins l’action de l’entreprise est en forte hausse, après une baisse importante de 2021 à 2023.
Elle a plus que doublé (32,3$) sa valeur la plus haute de 2021 (14$) avant de diminuer suite à l’annonce de l’émission de nouvelles parts sociales à 21$ à l’orée de 2025.

Financement
Nuscale est une entreprise créée en 2007 et aujourd’hui cotée en bourse.
Fluor Corporation, une entreprise d’ingénierie et de construction, est devenue investisseur majoritaire en octobre 2011 et a investi 30M$.
L’entreprise annonçait finir le 3e trimestre 2024 avec 161.7 M$ en cash et en investissements à court terme. Son chiffre d’affaires était de 0,5M$ et ses dépenses de 45,5M$. Le déficit opérationnel est passé de 93,9M$ à 41,2M$ entre 2023 et 2024.
- (1) SFEN, Décryptage : le projet SMR de Nuscale dans l’Idaho annulé, 21 novembre 2023.
- (2) KGHM, Project to build a small modular reactor (SMR) in KGHM
- (3) Nuscale, NuScale Power Reports Third Quarter 2024 Results
- (4) Nuclear Engineering, UAMPS downsizes NuScale SMR project, 21 juillet 2021
- (5) SFEN, Décryptage : le projet SMR de Nuscale dans l’Idaho annulé, 21 novembre 2023
- (6) Paul Day, Cancelled NuScale contract weighs heavy on new nuclear, Reuters, 10 janvier 2024
- (7) Zara Bright, NuScale cancels first-of-a-kind nuclear project as costs surge, Eenews.net, 11 septembre 2023
- (8) David Schlissel, Eye-popping new cost estimates released for NuScale small modular reactor, 11 janvier 2023
- (9) Nuscale, NuScale Power and Nucor Corporation Sign Memorandum of Understanding to Explore Deployment of Small Modular Nuclear Reactors to Power Nucor Electric Arc Furnace Steel Mills
- (9) NuScale SMR planned for Romania, World Nuclear News, 3 novembre 2021
- (10) NuScale Power et Prodigy Clean Energy font progresser la conception des centrales marines à petits réacteurs nucléaires, BusinessWire, 26 octobre 2022
- (11) Nuscale, Standard Power Chooses NuScale’s Approved SMR Technology and ENTRA1 Energy to Energize Data Centers, 6 octobre 2023
- (12) Fluor Corporation, Fluor Becomes Majority Investor in NuScale Power and Enters Small Modular Reactor Market, 13 octobre 2011
- (13) Robert Walton, Small modular nuclear plants moving ahead, but slowly, UtilityDive, 22 juillet 2015 ; Energy Intelligence Group, Newbuild: NuScale Pegs SMR at $3 Billion, 18 février 2015
Renaissance fusion est une startup grenobloise fondée en 2020 développant une technologie de fusion nucléaire de type Stellarator.
Le principe de la fusion nucléaire
La fusion nucléaire est un processus naturel qui se produit lorsque deux noyaux atomiques légers, tels que le deutérium et le tritium, se combinent pour former un noyau plus lourd, comme l’hélium. Au cours de cette réaction, une grande quantité d’énergie est libérée sous forme de rayonnement électromagnétique et de particules de haute énergie. Ce processus est responsable de la production d’énergie stellaire, y compris celle du Soleil, où la fusion du noyau d’hydrogène produit de l’hélium et libère de l’énergie sous forme de lumière et de chaleur. Contrairement à la fission nucléaire, elle ne produit pas de déchets radioactifs à longue durée de vie. Seul le coeur du réacteur à fusion est contaminé par l’opération.
Néanmoins, la fusion nucléaire est encore loin d’être maîtrisée. Les conditions requises pour initier et soutenir une réaction de fusion, telles que des températures et des pressions extrêmement élevées, sont difficiles à atteindre et à maintenir sur Terre. De nombreux défis subsistent pour développer une technologie de fusion commercialement viable, notamment la conception de matériaux capables de résister à ces conditions extrêmes et la mise au point de méthodes pour confiner et contrôler le plasma de fusion.
Le stellarator Renaissance Fusion
Il y a plusieurs technologies de fusion nucléaires: le confinement magnétique ou inertiel, puis, parmi les technologies à confinement magnétique, le tokamak, le stellarator et d’autres. Renaissance Fusion développe un Stellarator. Ce type de réacteur a été développé dans les années 1950 par le physicien américain Lyman Spitzer. Il se caractérise par une configuration complexe de bobines magnétiques externes qui génèrent un champ magnétique en forme de torsion. Cette configuration permet de confiner le plasma dans une forme hélicoïdale, ce qui contribue à stabiliser le plasma et à réduire les pertes d’énergie.
Contrairement aux tokamaks, les stellarators n’ont pas besoin de courant électrique circulant dans le plasma pour maintenir le champ magnétique. Cela élimine le problème des disruptions, qui sont des instabilités soudaines du plasma qui peuvent provoquer la perte de confinement et endommager le dispositif. Ainsi, les stellarators sont considérés comme ayant un potentiel de fonctionnement en régime continu, ce qui est important pour une centrale électrique à fusion. C’est pour cela que Renaissance Fusion a choisi cette technologie.
Ils proposent actuellement deux innovations:
- Une technologie pour faciliter la conception des réacteurs en gravant les formes complexes des aimants au laser.
- Des parois à métal (lithium ?) liquide à l’intérieur du réacteur, circulant grâce à un champ magnétique.
Histoire et avancement de Renaissance Fusion
Renaissance Fusion a été créée par Francesco Volpe et Martin Kupp en 2020 est installée à Grenoble.
Elle est lauréate de l’appel à projets « réacteurs nucléaires innovants » de France 2030.
En juin 2022, l’entreprise a annoncé avoir levé 15 millions d’euros auprès de Lowercarbon Capital, Norrsken>C, positron ventures, Excellis, Unruly capital, HCVC et Exor.
CommonWealth Fusion Systems (CFS) est l’entreprise développant la fusion nucléaire la plus financée: 1.8 milliards d’euros. La technologie étudiée est celle du tokamak.
La fusion nucléaire agite les esprits depuis plusieurs décennies. Toutefois, des progrès considérables ont été faits ces dernières années et de plus en plus d’entreprises tentent de faire de la fusion la prochaine énergie bas carbone. Parmi ces entreprises, celle ayant reçu le plus de fonds est CommonWealth Fusion System (ou CFS).
La fusion nucléaire CommonWealth Fusion Systems
CommonWealth Fusion System développe la fusion nucléaire en tokamak: les noyaux de deutérium et de tritium sont accélérés dans une parcours circulaire (torroidal pour être plus précis: ils vrillent) jusqu’à ce que, en se percutant, ils fusionnent. Le principal enjeu est, pour l’instant, de réussir à produire plus d’énergie qu’on en consomme.
Toutefois, avant cela, il faut réussir à confiner le plasma. C’est pour cela que l’entreprise s’est concentrée sur le développement de nouveaux aimants supraconducteurs à haute température (high temperature superconductor, HTS) cette étape s’est finie en septembre 2021 avec la démonstration à l’échelle de la performance d’un aimant de 20 tesla. Le principal challenge était à la fois de pouvoir accélérer les particules et, en même temps, de confiner le plasma grâce à un champ magnétique, pour qu’il ne détruise pas l’installation.
L’étape suivante consiste à construire un démonstrateur, le SPARC, visant à réussir à produire plus d’énergie qu’il n’en consomme (c’est le point d’ignition). CFS allègue que sa performance serait similaire à ITER, mais avec un tokamak 10 fois plus petit.
Histoire et financement de CommonWealth Fusion Systems
CFS est un spin-off du Plasma Science and Fusion Center du MIT fondé en 2018 à Cambridge (Massachusetts, USA) avec un investissement initial de 50 millions de dollars. Il reprend les recherches sur le tokamak « Alcator-C-Mod« , conduites au MIT.
Très rapidement, les fonds affluent:
- Son tour de financement de série A ramène 115M$ en juin 2019, avec notamment ENI, Breakthrough Energy Ventures et Khosla Ventures.
- Un tour de série A2 ramène 84 M$ supplémentaires en mai 2020 auprès, notamment, de Temasek, Equinor et Devonshire Investors.
- En 2021, suite à l’annonce du succès d’une expérimentation sur son aimant supraconducteur, CFS lève 1.8 milliards de dollars, notamment pour financer la construction de 2 tokamaks: un expérimental, SPARC, et un commercial, ARC. Ce tour était mené par Tiger Global Management et inclut de nouveaux investisseurs (notamment Bill Gates; Coatue; DFJ Growth; Emerson Collective; Footprint Coalition; Google; JIMCO Technology Fund, part of JIMCO, the Jameel Family’s global investment arm; John Doerr; JS Capital; Marc Benioff’s TIME Ventures) et des investisseurs historiques (notamment Breakthrough Energy Ventures; The Engine; Eni; Equinor Ventures; Fine Structure Ventures; Future Ventures; Hostplus; Khosla Ventures; Lowercarbon; Moore Strategic Ventures; Safar Partners; Schooner Capital; Soros Fund Management LLC; Starlight Ventures; Temasek).
FAQ
CommonWealth Fusion Systems a levé au total 2 milliards de dollars
CommonWealth Fusion Systems a reçu le support d’acteurs majeurs. Parmi ceux-ci, Breakthrough Energy Venture, Khosla Ventures et ENI ont eu un rôle particulièrement important. Plus largement, il y a Bill Gate lui-même, Google, The Engine ou encore le Soros Fund Management.
CommonWealth Fusion Systems développe la fusion nucléaire et notamment un tokamak très compact. Ils en sont encore au stade expérimental, en train de construire un premier prototype de recherche.
Jimmy Energy est une startup française développant des microréacteurs modulaires d’une puissance de 10 à 20MWth utilisant une technologie graphite-gaz de 4e génération, à hautes température, dont la particularité n’est de pas produire d’électricité. En effet, ces réacteurs se destinent uniquement à la production de chaleur (industrielle). Elle a été fondée en 2020 par Antoine Guyot et Mathilde Grivet et plusieurs acteurs industriels et elle est conseillée par des acteurs de très haut niveau (ex: Franck Carré, directeur scientifique au CEA, Dominique Vignon, ancien PDG de Framatome …).
Les réacteurs Jimmy
La technologie des réacteurs Jimmy
Les réacteurs Jimmy sont des réacteurs haute température (HTR) de 4e génération. Ils utilisent le graphite comme modérateur et l’hélium comme gaz caloporteur. Ce dernier transmet la chaleur dans un échangeur au circuit secondaire, contenant du CO2, qui la transmet au site industriel. La températeur du coeur s’élèverait à 600°C et pouvant monter à 750°C. La technologie HTR a déjà été l’objet de nombreux prototypes et un petit réacteur modulaire l’exploitant est même fonctionnel en Chine (Shidao Bay).
La particularité des réacteurs Jimmy est qu’ils ne produisent pas d’électricité, mais ont uniquement pour objet de décarboner la chaleur industrielle. Les réacteurs au graphite sont en effet trop volumineux s’il s’agit de produire de l’électricité.Toutefois, le fait d’utiliser directement la chaleur serait une nouveauté.
Le combustible utilisé par ces réacteurs est très particulier: il s’agit de particules composées d’un noyau d’uranium et entouré de gaines résistantes. C’est le combustible dit « Triso« . Point noir, le combustible aurait besoin d’être très enrichi: 19.75% d’U235 !
La sécurité du procédé serait parfaite: en cas d’incident le réacteur se stabiliserait ou s’éteindrait. Le modérateur graphite permettrait ensuite d’évacuer passivement la chaleur. (Source)
On peut souligner que le démantèlement des réacteurs au graphite pose problème actuellement: on ne sait pas faire … pour les gros réacteurs. En effet, les nombreux projets sur le sujet (Graphitech, Inno4graph, Cleandem) répondent aux problème du démantèlement des « gros » réacteurs au graphite, qui sont tellement énormes que de nouveaux outils sont nécessaires. Les micro-réacteurs comme ceux de Jimmy ne posent pas (à ma connaissance, des petits réacteurs au graphite ayant déjà été démantelés) de problème particulier.
Projets et avancement
Jimmu avait annoncé son premier prototype en 2026. (1)
Histoire et financement de la startup Jimmy
Jimmy a été fondée en 2020 par Antoine Guyot (CEO) et Mathilde Grivet (COO). La cible principale de l’entreprise sont les entreprises des secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire ou de la papeterie.
En février 2022, la startup a levé 2,2 millions d’euros, ce qui a permis de poser les fondations de l’entreprises (recruter 20 personnes, trouver un premier client pour accueillir le premier générateur, finir une première phase de conception, amorcer la phase réglementaire)
Une seconde levée de fonds, en octobre 2022, s’élève à 15 millions €, devrait permettre de finaliser la conception et lancer la seconde phase réglementaire, la plus importante
Les investisseurs sont notamment EREN industries, Noria, Otium Capital et Polytechnique Ventures.
Elle a aussi bénéficié d’aides publiques importantes. Elle a ainsi obtenu 32M€ dans le cadre de l’appel à projets « réacteurs nucléaires innovants » en novembre 2023, aux côtés notamment d’Hexana, de Naarea, Newcleo et d’un concurrent direct, Calogena. (1)
- Sur le combustible TRISO : https://doseequivalentbanana.home.blog/2020/08/10/triso-et-reacteurs-a-haute-temperature/
- (1) Juliette Raynal, Nucléaire : l’Etat injecte près de 100 millions d’euros pour soutenir ses futurs champion, La Tribune, 27 novembre 2023
Last Energy est une startup américaine née en 2020 développant des micro-réacteurs de 20MWe à eau pressurisé utilisant la technologie « classique » et fonctionnant à l’uranium enrichi. Leur facteur différenciant est leur format, leur mode de commercialisation (vente d’énergie) et leur rapidité. En effet, ils pourraient développer de nouvelles installation en 24 mois et seraient prets à se déployer dès 2025.
Des microréacteurs à eau pressurisée classiques
Les petits réacteurs modulaires de Last Energy auraient une puissance de 60MWth / 20MWe et seraient, comme nos réacteurs nucléaires français, des réacteurs à air pressurisés (PWR, Pressurized Water Reactors en anglais), ils utiliserent de l’oxyde d’uranium enrichi (< 4.95%) dans des paquets de 17×17 barres de combustible (comme nos réacteurs). Le fait d’utiliser une technologie « classique » est d’ailleurs revendiqué par leur fondateur:
« Nous sommes arrivés à la conclusion qu’utiliser la technologie déjà disponible était la meilleure manière de passer à l’échelle. […] Nous n’innovons pas quant au procesus nucléaire ou aux composants – nous innovons sur l’intégration des systèmes et le business model. »
Bret Kugelmass, cité par Canary media
L’installation se divise entre un « îlot nucléaire », contenant notamment le coeur du réacteur, puis une partie en surface qui gère l’afflux de vapeur. Le ravitaillement serait complet, l’entreprise envisageant même de remplacer tout le coeur (un peu comme les batteries préchargées de scooters) tous les 6 ans, ce qui immobiliserait alors la production 3 mois. Le refroidissement se ferait surtout par l’air. prise au sol serait de 0.5 acre, soit moins qu’un terrain de football.
L’innovation Last Energy: l’exécution
Pour comprendre l’innovation proposée par Last Energy, il faut s’intéresser à la génèse du projet. Bret Kugelmass a, auparavant, fondé Titans of Nuclear, un podcast dans lequel il a pu faire s’exprimer des acteurs du nucléaires. Il en a tiré la conclusion que l’industrie nucléaire s’était sclérosée et stagnait (« ossified et stagnated »).
A l’inverse, les nouveaux arrivants, comme Terrapower ou Newcleo, se focalisent pour la plupart sur de nouvelles technologies, qui posent de nouveaux challenges et rendent les projets plus difficiles à exécuter. Sur ce créneau, il est en concurrence avec Nuscale, le réacteur de GE Hitachi (BWRX-300) et Holtec. Toutefois, leur modèle est plus petit, 20MWe contre plusieurs centaines.
Leur rôle serait celui de maitre d’oeuvre. Le business model aussi serait original: l’entreprise ne vend pas les centrales, mais l’énergie qu’elles produisent. Cela permet de ne pas faire supporter l’important coût inital de fabrication au cocontractant. Un réacteur pourrait être produit et délivré en 2 ans, à un prix en capital de 3000$/kWe, en incluant dans les dépenses le prix du démantèlement.
Histoire et avancement de Last Energy
Last Energy est une startup américaine créée par Bret Kugelmass en 2020, dans la suite de l’Energy Impact Center, puis du podcast Titans of Nuclear. Elle aurait déjà signé un contrat pour construire 10 réacteurs modulaires dans la zone industrielle « Legnica Special Economic Zone ». Ils envisagent d’avoir fini la construction dès 2025, mais cette échéance a été repoussée en 2026.
L’entreprise a levé 24 millions de dollars au total (fev 2023), dont 21 viennent de Gigafund. Les autres investisseurs seraient First Round Capital et David Marquardt, ancien président de Microsoft. La structure rassemblerait 40 employés.
Elle a encore levé 40M$ dans un tour de série B finalisé fin août 2024 mené par Gigafund.
Le 20 mars 2023, elle aurait signé 4 accords d’une valeur de $18.9 milliards pour construire 34 petits réacteurs modulaires de 20MW en Europe. La somme correspond au montant que l’entreprise toucherait sur la durée du contrat.
En octobre 2024, elle annonçait le projet d’un projet à 300M£ au Pays de Galles en 2027 consistant à retrofitter une centrale à charbon.
Veolia Nuclear Solutions est la filiale de Veolia dédiée au démantèlement de centrales nucléaires et à la gestion déchets radioactifs (le « marché du nettoyage nucléaire »).
La genèse de Veolia Nuclear Solutions
Veolia Nuclear Solutions aurait été créé en 2017 à Westminster, aux Etats-Unis pour rassembler les activités de Veolia autour du démantèlement et de déchets nucléaires. Elle est composée de plusieurs entreprises, traduisant plusieurs implantations locales.
- Aux Etats-Unis
- Veolia Nuclear Solutions Inc. Richland Operations Office à Richland, à l’Est de Seattle et Portland
- Veolia Nuclear Solutions Inc. Robotic Systems and Services office à Denver, dans le Colorado
- Alaron (une usine de retraitement des déchets radioactifs à faible intensité), entre Pittsburgh et Cleveland.
- Au Canada
- Kurion Canada, installée à Saint-Laurent au Québec, une startup ayant été rachetée par Veolia en 2016.
- En France
- Asteralis, qui serait localisée à Chasse-sur-Rhône (38670)
- En Grande-Bretagne
- Veolia Nuclear Solutions (UK) Limited est installée à Abingdon (sud d’Oxford) dédiée au Royaume-Uni.
- Au Japon
- Kurion Japan, KK, à Tokyo
Il n’est pas clair, dans ces entités, ce qui est une filiale et une succursale. Par exemple, lorsqu’on cherche Asteralis, on tombe sur Veolia Nuclear Solutions Europe. La structure juridique Veolia Nuclear Solutions Europe (Siren 789 558 889) a été créée en octobre 2012. Elle est installée 427 route du Hazay, à Limay (78520) et a effectivement un établissement à . Chasse-sur-Rhône. Néanmoins, il y a une autre structure dédiée à la France, datant de 2007, localisée à Aix en Provence (13100, Siren 500 803 390) et dirigée par François Parot (qui a dirigé la structure européenne entre 2016 et 2020) depuis 2019.
Selon Wikipedia, Kurion serait devenue Veolia Nuclear Solutions … Bref, tout cela est assez flou. Globalement, nous assimilerons toutes ces entités à « Veolia Nuclear Solutions ».
Les prestations
Veolia Nuclear Solutions prétend pouvoir accomplir toute la chaîne de valeur du traitement des déchets. Dans l’ordre:
- La caractérisation (mesures, laboiratoire d’analyse) des matières radioactives et chimiques
- La robotique, permettant de manipuler des choses à distance et limiter l’exposition des travailleurs. Krion a notamment conçu le robot ayant examiné le réacteur endommagé de la centrale de Fukushima Daiichi.
- La séparation des composants.
- Le traitement des déchets par des procédés comme l’évaporation, la concentration ou l’incinération
- La stabilisation des déchets, par solidification, encapsulation et/ou vitrification.
Les filiales
Veolia Nuclear Solutions a un portefeuille de filiales développant des solutions pour ce marché du nettoyage nucléaire. Elle a notamment créée à participations égales avec Cyclife, la filiale d’EDF dédiée au démantèlement nucléaire et à la gestion des déchets, deux coentreprises:
- Graphitech en 2019 pour concevoir des solutions de démantèlement des centrales au graphite, qui posent des challenges spécifiques en raison de la taille de leur coeur.
- Waste2Glass en 2021 va développer et commercialiser un procédé élaboré et utilisé par Veolia depuis 2010, Geomelt, pour la vitrification des déchets radioactifs.

