Renaissance fusion est une startup grenobloise fondée en 2020 développant une technologie de fusion nucléaire de type Stellarator.

Le principe de la fusion nucléaire

La fusion nucléaire est un processus naturel qui se produit lorsque deux noyaux atomiques légers, tels que le deutérium et le tritium, se combinent pour former un noyau plus lourd, comme l’hélium. Au cours de cette réaction, une grande quantité d’énergie est libérée sous forme de rayonnement électromagnétique et de particules de haute énergie. Ce processus est responsable de la production d’énergie stellaire, y compris celle du Soleil, où la fusion du noyau d’hydrogène produit de l’hélium et libère de l’énergie sous forme de lumière et de chaleur. Contrairement à la fission nucléaire, elle ne produit pas de déchets radioactifs à longue durée de vie. Seul le coeur du réacteur à fusion est contaminé par l’opération.

Néanmoins, la fusion nucléaire est encore loin d’être maîtrisée. Les conditions requises pour initier et soutenir une réaction de fusion, telles que des températures et des pressions extrêmement élevées, sont difficiles à atteindre et à maintenir sur Terre. De nombreux défis subsistent pour développer une technologie de fusion commercialement viable, notamment la conception de matériaux capables de résister à ces conditions extrêmes et la mise au point de méthodes pour confiner et contrôler le plasma de fusion.

Le stellarator Renaissance Fusion

Il y a plusieurs technologies de fusion nucléaires: le confinement magnétique ou inertiel, puis, parmi les technologies à confinement magnétique, le tokamak, le stellarator et d’autres. Renaissance Fusion développe un Stellarator. Ce type de réacteur a été développé dans les années 1950 par le physicien américain Lyman Spitzer. Il se caractérise par une configuration complexe de bobines magnétiques externes qui génèrent un champ magnétique en forme de torsion. Cette configuration permet de confiner le plasma dans une forme hélicoïdale, ce qui contribue à stabiliser le plasma et à réduire les pertes d’énergie.

Contrairement aux tokamaks, les stellarators n’ont pas besoin de courant électrique circulant dans le plasma pour maintenir le champ magnétique. Cela élimine le problème des disruptions, qui sont des instabilités soudaines du plasma qui peuvent provoquer la perte de confinement et endommager le dispositif. Ainsi, les stellarators sont considérés comme ayant un potentiel de fonctionnement en régime continu, ce qui est important pour une centrale électrique à fusion. C’est pour cela que Renaissance Fusion a choisi cette technologie.

Ils proposent actuellement deux innovations:

  • Une technologie pour faciliter la conception des réacteurs en gravant les formes complexes des aimants au laser.
  • Des parois à métal (lithium ?) liquide à l’intérieur du réacteur, circulant grâce à un champ magnétique.

Histoire et avancement de Renaissance Fusion

Renaissance Fusion a été créée par Francesco Volpe et Martin Kupp en 2020 est installée à Grenoble.

En juin 2022, l’entreprise a annoncé avoir levé 15 millions d’euros auprès de Lowercarbon Capital, Norrsken>C, positron ventures, Excellis, Unruly capital, HCVC et Exor.

CommonWealth Fusion Systems (CFS) est l’entreprise développant la fusion nucléaire la plus financée: 1.8 milliards d’euros. La technologie étudiée est celle du tokamak.


La fusion nucléaire agite les esprits depuis plusieurs décennies. Toutefois, des progrès considérables ont été faits ces dernières années et de plus en plus d’entreprises tentent de faire de la fusion la prochaine énergie bas carbone. Parmi ces entreprises, celle ayant reçu le plus de fonds est CommonWealth Fusion System (ou CFS).

La fusion nucléaire CommonWealth Fusion Systems

CommonWealth Fusion System développe la fusion nucléaire en tokamak: les noyaux de deutérium et de tritium sont accélérés dans une parcours circulaire (torroidal pour être plus précis: ils vrillent) jusqu’à ce que, en se percutant, ils fusionnent. Le principal enjeu est, pour l’instant, de réussir à produire plus d’énergie qu’on en consomme.

Toutefois, avant cela, il faut réussir à confiner le plasma. C’est pour cela que l’entreprise s’est concentrée sur le développement de nouveaux aimants supraconducteurs à haute température (high temperature superconductor, HTS) cette étape s’est finie en septembre 2021 avec la démonstration à l’échelle de la performance d’un aimant de 20 tesla. Le principal challenge était à la fois de pouvoir accélérer les particules et, en même temps, de confiner le plasma grâce à un champ magnétique, pour qu’il ne détruise pas l’installation.

L’étape suivante consiste à construire un démonstrateur, le SPARC, visant à réussir à produire plus d’énergie qu’il n’en consomme (c’est le point d’ignition). CFS allègue que sa performance serait similaire à ITER, mais avec un tokamak 10 fois plus petit.

Histoire et financement de CommonWealth Fusion Systems

CFS est un spin-off du Plasma Science and Fusion Center du MIT fondé en 2018 à Cambridge (Massachusetts, USA) avec un investissement initial de 50 millions de dollars. Il reprend les recherches sur le tokamak « Alcator-C-Mod« , conduites au MIT.

Très rapidement, les fonds affluent:

  • Son tour de financement de série A ramène 115M$ en juin 2019, avec notamment ENI, Breakthrough Energy Ventures et Khosla Ventures.
  • Un tour de série A2 ramène 84 M$ supplémentaires en mai 2020 auprès, notamment, de Temasek, Equinor et Devonshire Investors.
  • En 2021, suite à l’annonce du succès d’une expérimentation sur son aimant supraconducteur, CFS lève 1.8 milliards de dollars, notamment pour financer la construction de 2 tokamaks: un expérimental, SPARC, et un commercial, ARC. Ce tour était mené par Tiger Global Management et inclut de nouveaux investisseurs (notamment Bill Gates; Coatue; DFJ Growth; Emerson Collective; Footprint Coalition; Google; JIMCO Technology Fund, part of JIMCO, the Jameel Family’s global investment arm; John Doerr; JS Capital; Marc Benioff’s TIME Ventures) et des investisseurs historiques (notamment Breakthrough Energy Ventures; The Engine; Eni; Equinor Ventures; Fine Structure Ventures; Future Ventures; Hostplus; Khosla Ventures; Lowercarbon; Moore Strategic Ventures; Safar Partners; Schooner Capital; Soros Fund Management LLC; Starlight Ventures; Temasek).

FAQ

Combien d’argent a levé CommonWealth Fusion Systems ?

CommonWealth Fusion Systems a levé au total 2 milliards de dollars

Quels sont les principaux investisseurs de CommonWealth Fusion Systems ?

CommonWealth Fusion Systems a reçu le support d’acteurs majeurs. Parmi ceux-ci, Breakthrough Energy Venture, Khosla Ventures et ENI ont eu un rôle particulièrement important. Plus largement, il y a Bill Gate lui-même, Google, The Engine ou encore le Soros Fund Management.

Quelle est l’innovation de CommonWealth Fusion Systems ?

CommonWealth Fusion Systems développe la fusion nucléaire et notamment un tokamak très compact. Ils en sont encore au stade expérimental, en train de construire un premier prototype de recherche.

Jimmy Energy est une startup française développant des microréacteurs modulaires d’une puissance de 10 à 20MWth utilisant une technologie graphite-gaz de 4e génération, à hautes température, dont la particularité n’est de pas produire d’électricité. En effet, ces réacteurs se destinent uniquement à la production de chaleur (industrielle). Elle a été fondée en 2020 par Antoine Guyot et Mathilde Grivet et plusieurs acteurs industriels et elle est conseillée par des acteurs de très haut niveau (ex: Franck Carré, directeur scientifique au CEA, Dominique Vignon, ancien PDG de Framatome …).

La technologie des réacteurs Jimmy

Les réacteurs Jimmy sont des réacteurs haute température (HTR) de 4e génération. Ils utilisent le graphite comme modérateur et l’hélium comme gaz caloporteur. Ce dernier transmet la chaleur dans un échangeur au circuit secondaire, contenant du CO2, qui la transmet au site industriel. La températeur du coeur s’élèverait à 600°C et pouvant monter à 750°C. La technologie HTR a déjà été l’objet de nombreux prototypes et un petit réacteur modulaire l’exploitant est même fonctionnel en Chine (Shidao Bay).

La particularité des réacteurs Jimmy est qu’ils ne produisent pas d’électricité, mais ont uniquement pour objet de décarboner la chaleur industrielle. Les réacteurs au graphite sont en effet trop volumineux s’il s’agit de produire de l’électricité.Toutefois, le fait d’utiliser directement la chaleur serait une nouveauté.

Le combustible utilisé par ces réacteurs est très particulier: il s’agit de particules composées d’un noyau d’uranium et entouré de gaines résistantes. C’est le combustible dit « Triso« . Point noir, le combustible aurait besoin d’être très enrichi: 19.75% d’U235 !

La sécurité du procédé serait parfaite: en cas d’incident le réacteur se stabiliserait ou s’éteindrait. Le modérateur graphite permettrait ensuite d’évacuer passivement la chaleur. (Source)

Présentation détaillée à la SFEN

On peut souligner que le démantèlement des réacteurs au graphite pose problème actuellement: on ne sait pas faire … pour les gros réacteurs. En effet, les nombreux projets sur le sujet (Graphitech, Inno4graph, Cleandem) répondent aux problème du démantèlement des « gros » réacteurs au graphite, qui sont tellement énormes que de nouveaux outils sont nécessaires. Les micro-réacteurs comme ceux de Jimmy ne posent pas (à ma connaissance, des petits réacteurs au graphite ayant déjà été démantelés) de problème particulier.

Avancement et financement de la startup Jimmy

Jimmy a été fondée en 2020 par Antoine Guyot (CEO) et Mathilde Grivet (COO). La cible principale de l’entreprise sont les entreprises des secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire ou de la papeterie.

En février 2022, la startup a levé 2,2 millions d’euros, ce qui a permis de poser les fondations de l’entreprises (recruter 20 personnes, trouver un premier client pour accueillir le premier générateur, finir une première phase de conception, amorcer la phase réglementaire)

Une seconde levée de fonds, en octobre 2022, s’élève à 15 millions €, devrait permettre de finaliser la conception et lancer la seconde phase réglementaire, la plus importante

Les investisseurs sont notamment EREN industries, Noria, Otium Capital et Polytechnique Ventures.

Le premier générateur serait prévu pour 2026.

Interview du fondateur sur BFM


  • Sur le combustible TRISO : https://doseequivalentbanana.home.blog/2020/08/10/triso-et-reacteurs-a-haute-temperature/

Last Energy est une startup américaine née en 2020 développant des micro-réacteurs de 20MWe à eau pressurisé utilisant la technologie « classique » et fonctionnant à l’uranium enrichi. Leur facteur différenciant est leur format, leur mode de commercialisation (vente d’énergie) et leur rapidité. En effet, ils pourraient développer de nouvelles installation en 24 mois et seraient prets à se déployer dès 2025.

Des microréacteurs à eau pressurisée classiques

Les petits réacteurs modulaires de Last Energy auraient une puissance de 60MWth / 20MWe et seraient, comme nos réacteurs nucléaires français, des réacteurs à air pressurisés (PWR, Pressurized Water Reactors en anglais), ils utiliserent de l’oxyde d’uranium enrichi (< 4.95%) dans des paquets de 17×17 barres de combustible (comme nos réacteurs). Le fait d’utiliser une technologie « classique » est d’ailleurs revendiqué par leur fondateur:

« Nous sommes arrivés à la conclusion qu’utiliser la technologie déjà disponible était la meilleure manière de passer à l’échelle. […] Nous n’innovons pas quant au procesus nucléaire ou aux composants – nous innovons sur l’intégration des systèmes et le business model. »

Bret Kugelmass, cité par Canary media

L’installation se divise entre un « îlot nucléaire », contenant notamment le coeur du réacteur, puis une partie en surface qui gère l’afflux de vapeur. Le ravitaillement serait complet, l’entreprise envisageant même de remplacer tout le coeur (un peu comme les batteries préchargées de scooters) tous les 6 ans, ce qui immobiliserait alors la production 3 mois. Le refroidissement se ferait surtout par l’air. prise au sol serait de 0.5 acre, soit moins qu’un terrain de football.

L’innovation Last Energy: l’exécution

Pour comprendre l’innovation proposée par Last Energy, il faut s’intéresser à la génèse du projet. Bret Kugelmass a, auparavant, fondé Titans of Nuclear, un podcast dans lequel il a pu faire s’exprimer des acteurs du nucléaires. Il en a tiré la conclusion que l’industrie nucléaire s’était sclérosée et stagnait (« ossified et stagnated »).

A l’inverse, les nouveaux arrivants, comme Terrapower ou Newcleo, se focalisent pour la plupart sur de nouvelles technologies, qui posent de nouveaux challenges et rendent les projets plus difficiles à exécuter. Sur ce créneau, il est en concurrence avec Nuscale, le réacteur de GE Hitachi (BWRX-300) et Holtec. Toutefois, leur modèle est plus petit, 20MWe contre plusieurs centaines.

Leur rôle serait celui de maitre d’oeuvre. Le business model aussi serait original: l’entreprise ne vend pas les centrales, mais l’énergie qu’elles produisent. Cela permet de ne pas faire supporter les frais importants au cocontractant. Un réacteur pourrait être produit et délivré en 2 ans, à un prix en capital de 3000$/kWe, en incluant dans les dépenses le prix du démantèlement.

Histoire et avancement de Last Energy

Last Energy est une startup américaine créée par Bret Kugelmass en 2020, dans la suite de l’Energy Impact Center, puis du podcast Titans of Nuclear. Elle aurait déjà signé un contrat pour construire 10 réacteurs modulaires dans la zone industrielle « Legnica Special Economic Zone ». Ils envisagent d’avoir fini la construction dès 2025.

L’entreprise a levé 24 millions de dollars au total (fev 2023), dont 21 viennent de Gigafund. Les autres investisseurs seraient First Round Capital et David Marquardt, ancien président de Microsoft. La structure rassemblerait 40 employés.

Le 20 mars 2023, elle aurait signé 4 accords d’une valeur de $18.9 milliards pour construire 34 petits réacteurs modulaires de 20MW en Europe. La somme correspond au montant que l’entreprise toucherait sur la durée du contrat.


Veolia Nuclear Solutions est la filiale de Veolia dédiée au démantèlement de centrales nucléaires et à la gestion déchets radioactifs (le « marché du nettoyage nucléaire »).

La genèse de Veolia Nuclear Solutions

Veolia Nuclear Solutions aurait été créé en 2017 à Westminster, aux Etats-Unis pour rassembler les activités de Veolia autour du démantèlement et de déchets nucléaires. Elle est composée de plusieurs entreprises, traduisant plusieurs implantations locales.

  • Aux Etats-Unis
    • Veolia Nuclear Solutions Inc. Richland Operations Office à Richland, à l’Est de Seattle et Portland
    • Veolia Nuclear Solutions Inc. Robotic Systems and Services office à Denver, dans le Colorado
    • Alaron (une usine de retraitement des déchets radioactifs à faible intensité), entre Pittsburgh et Cleveland.
  • Au Canada
    • Kurion Canada, installée à Saint-Laurent au Québec, une startup ayant été rachetée par Veolia en 2016.
  • En France
    • Asteralis, qui serait localisée à Chasse-sur-Rhône (38670)
  • En Grande-Bretagne
    • Veolia Nuclear Solutions (UK) Limited est installée à Abingdon (sud d’Oxford) dédiée au Royaume-Uni.
  • Au Japon
    • Kurion Japan, KK, à Tokyo

Il n’est pas clair, dans ces entités, ce qui est une filiale et une succursale. Par exemple, lorsqu’on cherche Asteralis, on tombe sur Veolia Nuclear Solutions Europe. La structure juridique Veolia Nuclear Solutions Europe (Siren 789 558 889) a été créée en octobre 2012. Elle est installée 427 route du Hazay, à Limay (78520) et a effectivement un établissement à . Chasse-sur-Rhône. Néanmoins, il y a une autre structure dédiée à la France, datant de 2007, localisée à Aix en Provence (13100, Siren 500 803 390) et dirigée par François Parot (qui a dirigé la structure européenne entre 2016 et 2020) depuis 2019.

Selon Wikipedia, Kurion serait devenue Veolia Nuclear Solutions … Bref, tout cela est assez flou. Globalement, nous assimilerons toutes ces entités à « Veolia Nuclear Solutions ».

Les prestations

Veolia Nuclear Solutions prétend pouvoir accomplir toute la chaîne de valeur du traitement des déchets. Dans l’ordre:

  • La caractérisation (mesures, laboiratoire d’analyse) des matières radioactives et chimiques
  • La robotique, permettant de manipuler des choses à distance et limiter l’exposition des travailleurs. Krion a notamment conçu le robot ayant examiné le réacteur endommagé de la centrale de Fukushima Daiichi.
  • La séparation des composants.
  • Le traitement des déchets par des procédés comme l’évaporation, la concentration ou l’incinération
  • La stabilisation des déchets, par solidification, encapsulation et/ou vitrification.



Les filiales

Veolia Nuclear Solutions a un portefeuille de filiales développant des solutions pour ce marché du nettoyage nucléaire. Elle a notamment créée à participations égales avec Cyclife, la filiale d’EDF dédiée au démantèlement nucléaire et à la gestion des déchets, deux coentreprises:

Cyclife est la filiale d’EDF dédiée au démantèlement des centrales et à la gestion des déchets radioactifs. Elle a notamment vocation à internationaliser cette activité. Elle a plusieurs filiales loclaes (France, Suède et Royaume-Uni), ainsi que 6 filiales qualifiées de « centres d’ingénierie et d’expertise », qui développent des savoir-faire spécifiques, comme des outils numériques (Cyclife Digital Solutions, Quadrica), des prestations (Cyclife Engineering), des équipements (Aquila Nuclear Engineering) et autres technologies spécifiques (Graphitech, Waste2Glass). (source)

I. Filiales locales

Cyclife France

Cyclife France est la descendante de SOCODEI, créée en 1990 par Cogema et EDF, puis entièrement possédée par EDF en 2010. Elle a changé de nom en juin 2019. Elle exploite notamment l’usine de traitement de déchets radioactifs de Centraco. Il y a deux activités:

  • l’unité incinération, s’occupant des déchets incinérables (ex: tenues du personnel, emballages, chiffons, solvants usés, résines, déchets médicaux …)
  • l’unité fusion, s’occupant de déchets métalliques.

Cyclife France aurait notamment développé des machines mobiles de traitement et de conditionnement :

  • Mercure: « Unité mobile de conditionnement des Résines Échangeuses d’Ions du circuit primaire des Réacteurs à Eau Pressurisée »
  • UMIS: « Unité mobile de mise en conformité à la réglementation transport de conteneurs de déchets en vrac »
  • UMC: « Unité mobile de mise en conformité à la réglementation transport de conteneurs de déchets en vrac »
  • UM2B: « Unité mobile de blocage des boues radioactives »

Cyclife UK

Cyclife UK exploite un site industriel de 110 salariés implanté à Workington, en Cumbria, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Elle traite des déchets métalliques de faible activité et, si besoin, peut envoyer les déchets être traités dans le four à induction de Cyclife Suède. Elle fournit également des services d’ingénierie pour la gestion des déchets.

Cyclife Sweden

Cyclife Sweden exploite un site industriel de 100 salariés implanté à Nyköping. Son four peut fondre jusqu’à 5000 tonnes de par an (contre 4000 pour l’usine Centraco et 1000 pour l’installation britannique). Il traite également les déchets organique par incinération ou pyrolyse. Ils ont également un laboratoire d’analyse « très performant » pour « caractériser » les matériaux et déchets.

II. Les « centres d’ingénierie » de Cyclife

En plus de ces implantation locales, Cyclife a plusieurs filiales, chacune développant des technologies et savoirs-faire importants pour le démantèlement des centrales et la gestion des déchets.

Cyclife Digital Solutions

Cyclife Digital Solutions (CDS) développe le logiciel « DEMplus for nuclear », un outil numérique d’aide à la décision et de simulation d’intervention. Auparavant Oreka Solutions, l’entreprise a été rachetée par EDF en 2018, qui la possède à 90%. Elle change de nom pour Cyclife Digital Solutions en septembre 2019. La structure est composée de 15 employés et localisée à Bagnols-sur-Cèse, dans le Gard.

Quadrica

Quadrica, comme CDS, développe des outils numériques:

  • une suite logicielle d’exploitation de données 3D. Cela permet par exemple de faire se déplacer les objets et de voir s’il y a un risque de collision sur le trajet. Vous pouvez également prendre, à partir des photographies 3D, des mesures précises.
  • un outil qui peremt même de se déplacer et visualiser comme si on y était des installations: VirtualSurvey ou « ViSu ». Cela permet aussi aux équipes d’interagir dans la simulation.

Elle est acquise à 100% par Cyclife le 1er avril 2022.

Cyclife Engineering

Créée en octobre 2019, Cyclife Engineering fournit, comme son nom l’indique, des services d’ingénierie et, ce, pour le démantèlement de centrales et le stockage – traitement des déchets radioactifs. Son activité est surtout (totalement?) internationale. La structure est située à Lyon et rassemble une centaine d’employés.

Graphitech

Graphitech est une cooentreprise entre Cyclife (EDF) et Veolia Nuclear Solutions (Veolia) dont l’objectif est de trouver des solutions pour démanteler les centrales au graphite. En effet, leur coeur, un énorme bloc de graphite, est beaucoup plus volumineux que celui des réacteurs à eau pressurisée ou bouillante. Leur démantèlement pose donc des challenges spécifiques. Elle participe, avec Cyclife, au projet INNO4GRAPH.

Waste2Glass

Comme pour Graphitec, Cyclife est codétenteur avec Veolia Nuclear Solutions de Waste2Glass, une coentreprise améliorant la vitrification avec le procédé Geomelt, la rendant moins chère et développant ses possibilités.

Aquila Nuclear Engineering

Née en 2011 par le groupe Calder, Aquila Nuclear Engineering développe des équipements spécialisés pour l’industrie nucléaire (et médico-nucléaire). Par exemple, elle avait conçu un chariot pour transporter les matières radioactives. Elle a été intégralement rachetée par Cyclife début janvier 2022.

III. Les projets de Cyclife

Cyclife participe à des projets européens:

  • INNO4GRAPH, dont l’objet est de trouver des solutions pour démanteler les centrales au graphite.

Newcleo est une startup créée en 2021 qui développe des petits réacteurs modulaires à neutrons rapides de 30 et 200MWe. Elle a déjà levé 400 millions d’euros en 2022.

Technologie de Newcleo: PRM à neutrons rapides caloporteur plomb

Newcleo développe des petits réacteurs modulaires à neutrons rapides, de 4e génération. Ces réacteurs pourraient utiliser comme combustible l’ensemble du potentiel énergétique de l’uranium naturel et transmuter des déchets radioactifs à très longue durée de vie.

L’entreprise a préféré le plomb comme caloporteur en raison de son faible et cout et, contrairement au sodium, le fait qu’il n’interagisse pas avec l’eau ou l’air. En outre, c’est le choix qui aurait été fait pour Superphénix, dont la startup s’inspire beaucoup.

L’entreprise prévoit deux tailles de réacteurs: un de 30MWe, ciblant les communautés reculées et les grands navires; un de 200MWe, pour de la génération d’électricité plus conventionnelle.

Schéma du premier prototype

« Le sodium était doté de belles caractéristiques, mais ajoutait le risque chimique au risque nucléaire et entraînait complications et surcoûts. C’est pour cela que nous nous tournons vers la technologie du plomb, développée par des chercheurs italiens ayant participé à Superphénix. »

Stefano Buono, interrogé par Le Figaro

Ils prévoient, à plus long terme, un réacteur sous-critique piloté par un accélérateur de particules, comme Transmutex.

Avancement et financement de Newcleo

Newcleo a été créée en septembre 2021 par Stefano Buono. Ce dernier a comme atouts d’avoir, en 2018, déjà vendu une startup de médecine nucléaire, qu’il avait fondée en 2002, pour plus de 3 milliards de dollars et, il est lui-même ingénieur nucléaire. Il avait également travaillé au CERN avec Carlo Rubbia sur la transmutation des déchets nucléaires et les systèmes alimentés par un accélérateur de particule (Accelerator Driven Systems, ADS), ce que fait Transmutex (dont le CSO a également travaillé avec Carlo Rubbia). Le CSO, Luciano Cinotti, serait un expert des réacteurs à neutrons rapides. Plusieurs des membres de l’équipe ont travaillé longtemps au CERN.

L’entreprise prévoit de développer un prototype pour 2026, de commercialiser son réacteur de 30MWe en 2030 et celui de 200MWe en 2032. Elle prévoit également d’installer des usines de production de MOx, qui serviront à alimenter leurs appareils.

Elle est accompagnée par des chercheurs ayant travaillé sur le projet Superphénix, comme Luciano Cinotti.

En 2022, Newcleo aurait levé 400 millions de dollars.

L’équipe de Newcleo

Naarea développe un micro-réacteur modulaire de quatrième génération à sels fondus, fonctionnant à partir du combustible usé (plutonium et uranium) ou de thorium.

La technologie de Naarea

Naarea développe des petits réacteurs nucléaires modulaires à neutrons rapides (nommés XAMR, eXtrasmall Advanced Modular Reactor) d’une puissance entre 10 et 40MW. Le caloporteur serait des sels fondus à 700°C. Le combustible serait constitué de matières radioactives usagées. Il était initialement prévu de pouvoir aussi utiliser aussi du thorium, mais cette piste a été écartée en décembre 2021.

La turbine serait actionnée par du dioxyde de carbone supercritique, en raison de sa « compacité et sa capacité à offrir un rendement thermique>électrique de 50% grâce aux hautes températures des réacteurs à sels fondus. »

Comme pour les autres réacteurs à sels fondus que nous avons vu sur ce site, la réaction de fission est « intrinsèquement auto-régulée », ce qui élimine largement ou complètement le risque d’accident. Ils s’appuieraient également sur d’autres propriétés : « non-recours à l’eau et cœur à basse pression notamment. »

L’utilisation de neutrons rapides permettrait de limiter le problème des déchets radioactif: les déchets à vie longue, plutôt lourd, seraient transmutés. Ils envisagent des applications pour l’extraction des ressources minérales, la production d’hydrogène, le dessalement d’eau de mer, l’approvisionnement de collectivités isolées, la production de chaleur industrielle et l’appuis aux énergies intermittentes.

Avancement et financements de Naarea

Naarea a été fondée par Jean-Luc Alexandre (CEO) et Ivan Gavriloff (Président du conseil de surveillance) officiellement le 27 mars 2020 et annoncée le 29 novembre 2021 (si j’ai bien compris).

L’entreprise serait financée notamment par Paris Mouratoglou, fondateur d’EDF Energies nouvelles et Eren Groupe. Plusieurs family offices auraient également investi quelques dizaines de millions d’euros.

Ils prévoient de sortir un jumeau numérique en 2023 avec l’aide d’Assystem. Les premiers réacteurs sont annoncés (avec précautions oratoires) dès 2027. Le modèle économique sera la fourniture d’énergie: NAAREA resterait propriétaire des générateurs et vendra l’énergie produite, ce qui permet à la startup de garantir le bon fonctionnement et la maintenance de l’appareil.

Jean-Luc Alexandre a notamment accompagné Emmanuel Macron à la Maison Blanche, avec quelques dizaines de figures de l’industrie et de l’innovation française, en décembre 2022.

Transmutex est une startup franco-suisse, proche du CERN, développant un réacteur « TMX-START » très particulier: étant sous-critique, les neutrons seraient apportés par un accélérateur de particules, qui transmuterait le combustible fertile (thorium) en combustible fissile (uranium 233). Ces neutrons rapides permettraient également la transmutation des atomes plus problématiques (ex: americium), ce qui limiterait radicalement les déchets radioactifs produits.

La technologie Transmutex: une sécurité absolue ?

Le réacteur Transmutex, appelé « TMX-START » (Transmutex Subcritical Transmutation Accelerated Reactor with Thorium) est « sous-critique »: il n’y a pas de réaction en chaîne auto-entretenue. Si l’apport externe de neutrons cesse, la réaction s’arrête presque immédiatement: en 2ms selon Transmutex. On peut se demander comment un accident pourrait se produire dans ce contexte.

Oui mais alors, d’où viennent les électrons ? C’est la partie ésotérique du projet: ils viennent d’un accélérateur de particules (un cyclotron de 800MeV – 5mA, de 40x60m, inspiré du projet MEGAPIE) ! Les protons approchant la vitesse de la lumière vont, en heurtant les cibles de métal placées à l’intérieur, produire des neutrons par « spallation ». Contrairement à ce qu’on peut croire, ce type d’équipement ne sont pas rares: il y aurait 30 000 accélérateurs de particules dans le monde, principalement à des fins médicales. En l’espèce, ce procédé est appelé « Accelerator Driven System » (ADS).

Le combustible serait du thorium (fertile) qui se transformerait en uranium 233 (fissile) avant de fissionner. Les neutrons seraient « rapides » (et non lents ou thermiques), ce qui permet la transmutation et limiterait radicalement les déchets produits (de l’ordre de quelques kilos au lieu de tonnes) et d’une durée de vie plusieurs milliers de fois moindre. (source) Ils pourraient même transmuter et utiliser des atomes plus lourds, comme le plutonium, neptunium ou americium. Le caloporteur est un alliage de plomb-bismuth fondu. Le prix de l’énergie (LCOE) est estimé à moins de 70$/MWh. (source)

Le réacteur n’est pas à proprement parler de 4e génération, ne faisant pas partie de la liste, mais il semble qu’il pourrait y trouver sa place.

La puissance visée du réacteur est actuellement de 100 MW.

Avancement et financement de Transmutex

Transmutex a été cofondé en 2019 par Franklin Servan-Schreiber (CEO) et Federico Carminati (CSO) à Genève. Ce dernier a notamment travaillé au CERN, avec Carlo Rubbia, qui avait approfondi dans les années 90 l’idée derrière le START. Le projet est conseillé par plusieurs scientifiques de haut niveau, dont une large part a travaillé au CERN.

Transmutex serait partenaire le CERN, mais aussi de

  • l’Argonne National Laboratory, pour ce qui est relatif au combustible et au caloporteur
  • l’ENEA, pour les cibles du cyclotron et le design du coeur
  • l’Institut Paul Scherrer pour le cyclotron et la cible
  • L’institut tchèque CVR pour des validations expérimentales
  • Alcen, qui avait dessiné les circuits de cellules chaudes pour Astrid, pour la robotisation et les cellules chaudes
Interview par la SFEN

Ils auraient développé des outils digitaux avancé pour modéliser et simuler leur système.

Une première levée de fonds (15 millions de francs suisse d’après la vidéo) a été bouclée en novembre 2021 avec le fonds de capital-risque UVC.

L’installation pilote de 300MW est estimée à 2 milliards de francs suisses (~€). Ils espèrent la concevoir avant 2030.

FAQ

Où est le siège social de Transmutex ?

Transmutex est localisé à Genêve, en Suisse.

Comment la transmutation aide au traitement des déchets nucléaires ?

Le bombardement de neutrons rapides peut transformer les radionucléides avec une longue durée de vie et une forte intensité en des atomes moins radioactifs, moins longtemps.

Terrapower est une entreprise américaine développant des réacteurs à neutrons rapides à sels fondus. Fondée en 2006 par Bill Gates, elle développe plusieurs technologies et conçoit un prototype de réacteur commercialisable pour 2028.

Technologies de réacteurs

Terrapower développe trois axes technologiques:

  • Des réacteurs à ondes progressives, focalisés sur l’efficience d’utilisation du combustible et de ses déchets et la possibilité de valoriser l’uranium 238.
  • Des réacteurs à sels fondus MCFR, d’un dimensionnement prévu de 1200MWe, en partenariat avec un énergéticien, Southern Company.
  • Des « réacteurs natrium », de plus petite taille (375MWe), en partenariat avec General Electric Hitachi Nuclear Energy

Globalement toutes ces technologies reposent sur l’utilisation de sels fondus et des systèmes de sécurité passifs, les rendant très sécures.

Réacteurs à ondes progressives

Le réacteur à ondes progressives (Traveling Wave Reactor, TWR) est un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium conçu pour pouvoir utiliser de l’uranium 238 comme combustible. Au centre du coeur se trouve de l’uranium enrichi, qui va initier la réaction. Autour, de l’uranium appauvri ou naturel va servir de combustible par surgénération. La réaction en chaine formera une sorte de vague concentrique, convertissant l’U238 en plutonium, d’où le non de « réacteur à ondes progressives ». Le réacteur sera capable de déplacer automatiquement les barres de combustible pour pérenniser la réaction.

Le réacteur serait aussi très sécure, reposant sur des systèmes passifs pour se refroidir, n’impliquant pas l’intervention d’opérateurs. De plus, le combustible usagé pourrait être entreposé à l’intérieur du coeur. Il peut fonctionner pendant très longtemps sans avoir besoin d’être réapprovisionné.

Réacteur à sels fondus MCFR

Terrapower étudie avec un énergéticien (Southern Company) la faisabilité d’un prototype de réacteur à neutrons rapides au chloride fondu (molten chloride fast reactor, MCFR).

Réacteurs rapide refroidi au sodium natrium

Terrapower développe avec General Electric Hitachi Nuclear Energy une technologie de réacteurs au natrium de 345MWe associé à un stockage au sels fondus pouvant stocker autour d’1GWh, permettant à l’installation de produire 500MWe pendant 5h30 si nécessaire. Elle fonctionne à pression ambiante et le réacteur opère à 350°C. Diverses logiques de refroidissement passif, utilisant la gravité et la convection naturelle, garantissent sa sécurité. Point noir, la technologie utilise un combustible très enrichi (5-20% d’uranium 235), « high-assay, low-enriched uranium », HALEU.

Le sodium a plusieurs intérêts: son point d’ébulition est extrêmement haut, ce qui permet au réacteur de fonctionner à pression normale; il transmet extrêmement bien la chaleur (3* mieux que l’acier inoxydable), ce qui permet d’avoir une installation dense ; il ne corroderait pas son environnement. Le réacteur utilise tout de même de l’eau, notamment pour refroidir la vapeur créée lors de la génération d’électricité (comme pour les centrales actuelles je suppose).

L’entreprise prévoit que le cout de production serait entre 2800 et 3000$/KW et un prix de l’électricité (LCOE) autour de 50-60$/MWh. Une centrale devrait coûter autour d’un milliard de dollars.

Financement et actualités

L’une des particularités de l’entreprise est l’implication de Bill Gates, comme fondateur, investisseur et comme président du conseil d’administration.

Arcelor Mittal, développant des procédés pour réduire l’empreinte carbone de la production d’acier, a investi 25 millions d’euros en novembre 2022 par l’intermédiaire de son fonds d’innovation XCarb.

Avancements de la technologie MCFR

En 2016, le DOE a accordé une subvention de 45 millions de dollars pour le développement du réacteur MCFR, incluant le développement d’une installation de test (« Integrated Effects Test ») permettant de mieux comprendre le fonctionnement, notamment des thermodynamiques des sels fondus.

En février 2022, Terrapower et Southern Company ont conclu un accord pour concevoir et opérer un prototype utilisant comme combustible du chlorure d’uranium incorporé dans les sels fondus. Il est prévu pour le début de la décennie 2030.

Avancements du « réacteur natrium » au sodium

C’est le réacteur natrium qui semble le principal focus de l’entreprise.

Un démonstrateur devrait être construit dans une ancienne centrale à charbon, à Kemmerer, au Wyoming (USA). Le permis de construction devrait être soumis à la NRC en 2023 et la license d’exploitation en 2026.

Outre Terrapower et GE Hitachi Nuclear Energy, le projet mobilise plusieurs laboratoires nationaux (Idaho, Argonne, Los Alamos, Oak Ridge, Pacifi Northwest) et université (Caroline du Nord, Oregon, Wisconsin) et d’autres entités (PacifiCorp, Energy Northwest, Duke Energy Carolinas, American Centrifuge Operating, Global Nuclear Fuels Americas et Orano Federal Services). L’installation devrait être finalisée en 2028, ce qui en ferait l’un des premier réacteurs avancés commercialisés.

Le projet est financé à 50% par le ministère de l’énergie américain (U.S. Department of Energy, DOE) jusqu’à 2 milliards de dollars. L’installation en fonctionnement nécessiterait entre 200 et 250 personnes.

Présentation du projet et de la technologie

FAQ

Que fait TerraPower ?

TerraPower développe des systèmes de production d’énergie nucléaire innovants, sécures et bas carbone.

Quel est le rôle de Bill Gates dans TerraPower ?

Bill Gates est le fondateur et président de TerraPower.

Est-ce que TerraPower est côtée en bourse ?

Non, TerraPower est encore une entreprise non-publique.

Est-ce que la technologie TerraPower utilisera de l’uranium ?

Oui. Sa première technologie, le réacteur à ondes progressives, devrait pouvoir fonctionner à l’uranium 238. La plus avancée, son réacteur natrium, fonctionnera, lui, avec un uranium très enrichi (5-20% d’U235), HALEU (« high-assay, low-enriched uranium »).

Combien de personnes emploie TerraPower ?

TerraPower a 184 employés (novembre 2022).

Moltex est une entreprise britannique développant des petits réacteurs nucléaires modulaires à sels fondus.

La technologie Moltex: des petits réacteurs nucléaires à sels fondus

Moltex produit des réacteurs à neutrons rapides utilisant comme caloporteur des sels fondus un peu particuliers: des « réacteurs à sels stables » (RSS). Les assemblages sont de longs crayons de 10mm de diamètre sur 1,6 mètres avec une petite cloche au bout, pour laisser s’échapper les gaz produits lors de la fission. Le combustible est mélangé à des sels fondus dans le crayon: 2/3 de chlorure de sodium et un tiers d’un mélange contenant notamment du plutonium. (Wikipedia)

Ces réacteurs seraient particulièrement sûrs, ne pouvant notamment pas générer de césium et d’iode, les gaz radioactifs dangereux qui ont posé problème lors des accidents de Fukushima et, surtout, de Tchernobyl. De plus, le réacteur s’auto-régule complètement. Aucun système actif ou opérateur ne serait nécessaire.

Les sels fondus produisent une chaleur de 750°C. Le coût initial du RSS serait de 1500€/kW, contre 2930€ pour une centrale à charbon et 6750€ pour les réacteurs EPR de Hinkley Point. Cela amènerait un prix moyen de l’électricité (LCOE) à 35€/MWh.

Les utilisations : Moltex Flex ou Clean Power

La technologie Moltex a deux axes:

  • proposer un moyen de production d’électricité bas carbone flexible se combinant bien aux énergies renouvelables, c’est Moltex flex.
  • Recycler le combustible nucléaire usagé, c’est Moltex Clean Power.

Moltex Flex

Moltex Flex développe le réacteur « FLEX » (rq: il n’est pas à neutrons rapides ? C’est é). Leur dimension serait particulièrement petite, 40MWth et les installations, n’ayant pas besoin de systèmes complexes de sécurité, le caloporteur régulant bien sa propre température, seraient très compactes : de l’ordre d’une maison de deux étages ! Ils disent même qu’il pourrait tenir dans un camion de 12 mètres. Le réacteur est alimenté en une fois pour 20 ans, il y a donc très peu de maintenance et de coûts d’exploitation.

Le réacteur est combiné avec une solution de stockage d’énergie thermique (probablement des sels fondus, comme Airthium ?) appelée GridReserve, permettant de tripler la capacité de production si besoin. Globalement, ils seraient très flexibles et permettraient d’augmenter ou diminuer rapidement la charge, ce qui en ferait une énergie d’appoint idéale pour les pics de consommations et les énergies renouvelables.

Ces petits réacteurs pouraient même être utilisés pour alimenter des cargos. Leur flexibilité et la génération de températures élevées des sels fondus (750°C) les rendraient idéaux pour la cogénération, pour alimenter des réseaux de chaleur urbains ou se combiner à des processus industriels. On pense notamment à la synergie avec l‘électrolyse haute température (EHT).

Moltex Clean Power

Moltex clean energy développe également des réacteurs destinés à la gestion des déchets radioactifs:

  • Un procédé de retraitement du combustible usagé sous forme de sels stables (WAste To Stable Salt, WATSS).
  • Un réacteur à neutrons rapides recyclant du combustible usagé (Stable Salt Reactor-Wasteburner, SSR-W). Le principe semble assez simple: le combustible usé contient 96% de matière réutilisable (essentiellement de l’uranium de retraitement, URT).

Actualités et financements

Moltex a notamment reçu 50.5 millions de dollars du gouvernement du Canada en mars 2021 pour développer (si j’ai bien compris) un premier réacteur au Nouveau-Brunswick: un Wasteburner de 300MWe et une usine de retraitement WATSS (WAste To Stable Salt) sur le site de la centrale nucléaire de Point Lepreau à Saint John (Nouveau-Brunswick).

CLEANDEM est un projet européen porté par 11 organisations, principalement françaises et italiennes, développant un robot pouvant enregistrer précisément la radioactivité, permettant ainsi de limiter l’exposition des agents et de modéliser fidèlement la zone.

L’objectif de CLEANDEM

Cleadem est un projet visant à améliorer les processus de démantèlement des installations nucléaires grâce à un robot (Unmanned Ground Vehicle, UGV) équipé de senseurs de radioactivité. Il permettrait de faire un bilan de la radioactivité de la zone, monitorer le déroulement des opérations et participerait à concevoir une simulation 3D de la zone étudiée. Cela faciliterait la planification des opérations et l’optimisation du traitement des déchets. Au final, la plateforme UGV permettrait de faire gagner du temps, radicalement réduire les coûts, minimiser l’intervention humaine et améliorer la sécurité des travailleurs et des populations.

Plus précisément, le projet aura 4 aspects:

  • Améliorer les technologies (déjà très matures) de mesure radiologique.
  • Implémenter des outils (non destructifs) permettant de conduire des manipulations à distance.
  • Concevoir un jumeau digital (= une simulation) des informations relatives aux radiations.
  • Tester en situation les solutions CLEANDEM.

Le CGU retenu serait le bras robot universel UR5e monté sur la platefome RBVOGUI de Robotnik.

Le consortium CLEANDEM

Le consortium est composé de 11 acteurs, principalement français et italiens:

  1. Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives (CEA), France (coordinateur)
  2. Costruzioni Apparecchiature Elettroniche Nucleari (CAEN SpA), Italy
  3. ORANO Démantèlement et Services (ORANO DS), France
  4. Istituto Nazionale di Fisica Nucleare (INFN), Italy
  5. Ansaldo Nucleare (ANN), Italy
  6. RINA Consulting – Centro Sviluppo Materiali SpA (RINA-CSM), Italy
  7. Fundacion Tecnalia Research & Innovation (Tecnalia), Spain
  8. Societa Gestione Impianti Nucleari (SOGIN), Italy
  9. Aachen Institute for Nuclear Training GmbH (AiNT), Germany
  10. Agenzia nazionale per le nuove tecnologie, l’energia e lo sviluppo economico sostenibile (ENEA), Italie
  11. ARTTIC, France

Le coût de l’opération est évalué à 3.41 millions d’euros, couvert en partie par un financement de l’Union Européenne de 2.79 millions d’euros. Les tests se dérouleraient à Saluggia, en Italie.


    • Malleron et al. (2023), European collaborative e fforts to achieve e ffective, safe, and cost-controlled dismantling of nuclear facilities, EPJ Nuclear Sci. Technol. 9, 6 (2023), https://doi.org/10.1051/epjn/2022041

    Si on sait assez bien démanteler les réacteurs modérés à l’eau (comme les réacteurs français actuels), on sait encore assez mal s’occuper de ceux utilisant comme modérateur du graphite. Ce type de réacteurs inclut le cas des fameux RMBK soviétiques (à l’origine de Tchernobyl), mais aussi les premiers réacteurs français, dits UNGG (Uranium Naturel Graphite Gaz). Il y a en France, 6 de ces réacteurs à démanteler. Dans le monde, il y en a une cinquantaine de réacteurs utilisant le graphite à l’arrêt, en attente de démantèlement.

    C’est pour trouver des solutions à ce problème qu’a été lancé le projet INNO4GRAPH.

    L’objectif d’INNO4GRAPH

    Le projet INNO4GRAPH a pour objet de concevoir « des modélisations 3D de scénarios de démantèlement ainsi que des outils de mesure des propriétés mécaniques et physiques » qui seront testés sur une maquette grandeur nature, le démonstrateur de Graphitec à Chinon.

    Consortium, financement et avancement d’INNO4GRAPH

    Coordonné par EDF, le projet représente un coût de 3, 8 millions d’euros, dinancés à hauteur de 3 millions d’euros par l’Union Européenne. Commencé le 1er septembre 2020, il devrait se finir le 31 août 2023.

    Le consortium est composé de :

    • Electricité de France, EDF (coordinateur), France
      • Grand énergéticien français, opérant des centrales nucléaires et conduisant le démantèlement d’installations.
    • Cyclife Digital Solutions, France
      • Filiale d’EDF développant des solutions numérique autour de la gestion des démantèlements nucléaires
    • Graphitech, France
      • Filiale de Cyclife (EDF) et de Veolia Nuclear Solution dédiée à l’amélioration du démantèlement des réacteurs au graphite. C’est elle qui a développé le démonstrateur à Chinon.
    • Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA), France
      • Institut de recherche français important
    • ARTTIC, France
      • Entreprise généraliste dédiée à la recherche collaborative.
    • Empresa Nacional De Residuos Radioactivos (ENRESA), Espagne (agence)
      • Agence espagnole de gestion des déchets radioactifs
    • Westinghouse Electric Spain, Espagne
      • Filiale espagnole de l’énergéticien américain
    • TECNATOM, Espagne
      • Filiale des principaux producteurs espagnols d’électricité, elle apporte des services d’ingénierie spécialisés, comme la formation du personnel ou le support technique de l’activité des centrales.
    • Societa Gestione Impianti Nucleari (SOGIN), Italie
      • Société d’Etat responsable du démantèlement des centrales italiennes et de la gestion des déchets radioactifs
    • Consorzio Interuniversitario Nazionale per la Ricerca Tecnologica Nucleare, CIRTEN-POLIMI, Italie
      • Consortium d’universités italiennes impliquées dans la science du nucléaire
    • Ansaldo Nucleare, Italie
      • Producteur historique d’énergie nucléaire italien
    • Lithuanian Energy Institute, Lituanie
      • Institut de recherche lituanien
    • L’Université de Manchester, Grande-Bretagne
      • Université britannique (plus précisemment le département « of Electrical and Electronic Engineering »)

    Vous avez le détail sur cette page (en cliquant sur le logo de l’entité qui vous intéresse).

    Un article, conçu en août 2022 et publié en 2023, raconte les avancées du présent projet (ainsi que de 4 autres projets similaires). Dans un premier temps, les opérateurs ont réunis dans un rapport les aspects techniques et environnementaux d’un démantèlement et conçu plusieurs scénarios, ce qui améliora notamment la compréhension des propriétés du graphite. Un logiciel de modélisation, DEMplus, a inclut un nouveau module dédié aux réacteurs à graphite. La maquette grandeur nature a été bien réalisée à Chinon. A également été conçue une méthode de test d’évaluation de l’oxydation du graphite durant l’opération de découpe.


    • Malleron et al. (2023), European collaborative e fforts to achieve e ffective, safe, and cost-controlled dismantling of nuclear facilities, EPJ Nuclear Sci. Technol. 9, 6 (2023), https://doi.org/10.1051/epjn/2022041

    Veolia est un acteur majeur de l’innovation écologique. Nous le verrons notamment intervenir dans la gestion des déchets nucléaires,

    (cet article est voué à évoluer. en effet, Veolia est une très grosse entreprise que nous évoquerons sans doute régulièrement sur ce site)

    Courte histoire de Veolia (très résumée)

    L’histoire de Veolia remonte au XVIIIe sièce, avec la Compagnie des Eaux de Paris. La Compagnie générale des eaux naît un peu plus tard, le 14 décembre 1853. L’entreprise se diversifie considérablement à partir des années 80, reprenant par exemple la Compagnie générale d’entreprises automobiles en 1989, investissant dans les médias, notamment en participant à la création de Canal+ en 1983 ou en créant Cegetel en 1996 …

    En mai 1998, elle devient Vivendi, avec deux pôles: un pôle communication et un pôle environnement. C’est ce dernier qui va nous intéresser ici. En 2003, il est renommé Veolia environnement. Il y a alors plusieurs divisions: eau, propreté, services énergétiques et transport. Cette dernière (transport) est cédée en 2013 et devient Transdev. En 2014, Veolia Environnement devient officiellement Veolia.

    Activités d’intérêt

    Nous avons vu Veolia avoir une action importante dans plusieurs domaines. Il se présente globalement comme « référence mondiale de la gestion optimisée des ressources ». Il est notamment actif en

    • traitement des eaux
    • par son expertise en robotique

    Traitement des eaux

    Veolia avait notamment été appelée en urgence par Tepco pour décontaminer l’eau utilisée pour refroidir les réacteurs de Fukushima suite à la catastrophe, en 2011.

    En mai 2016, Veolia aurait créé à Hong Kong la plus grande usine de retraitement du monde.

    Le traitement des eaux peut être source de méthane. Aussi, en février 2022 Veolia et TotalEnergies auraient signé un accord pour valoriser le biométhane issu des centres de traitement de déchets et d’eaux usées de Veolia

    Expertise en robotique

    Véolia a également fourni un robot à Tepco en 2014, pour inspecter le réacteur 2 de Fukushima et faire l’état des dommages causés par la catastrophe.

    Création de filiales et acquisitions d’entreprises

    Assainissement des équipements irradiés

    L’une des activités de Veolia est l’assainissement des équipements irradiés. Le groupe a plusieurs entreprises agissant dans ce secteur, dont principalement Kurium et Asteralis.

    Asteralis est la filiale de Véolia spécialisée dans le secteur nucléaire.

    Kurion est initialement une entreprise américaine spécialisée dans les techniques d’assainissement des résidus faiblements radioactifs. Son intervention aurait notamment permis de stabiliser la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Elle a été par Veolia a racheté pour 350 millions de dollars en février 2016. Elle a été renommée Veolia Nuclear Solutions (VNS).

    Voici l’organigramme présenté par Veolia:

    https://www.veolia.com/fr/groupe/medias/communiques-de-presse/veolia-finalise-l-acquisition-de-kurion-et-poursuit-sa-strategie-de-developpement-dans-l-assainissement-des-equipements-et-dechets-nucleaires

    Nouveaux projets

    Veolia a lancé des projets importants dans la Greentech.

    En matière nucléaire, par la filiale Asterialis, Veolia a fondé :

    • Graphitech, avec EDF (Cyclife), pour démanteler les centrales au graphite.
    • Waste2glass, avec EDF (Cyclife), pour développer et commercialiser Geomelt, un procédé de vitrification des déchets.

    FAQ

    Quel type d’entreprise est Veolia ?

    Véolia est une multinationale française rassemblant plus de 200 000 employés dans le monde. Elle est notamment spécialiste de la gestion du cycle de l’eau, de l’énergie et des déchets.

    Qui sont les clients de Veolia ?

    Veolia travaille essentiellement avec le secteur public (gouvernements et collectivités territoriales), mais aussi avec de grands industriels privés.

    Quel est l’objectif de Veolia ?

    L’une des ambition de Veolia est d’avoir un rôle centrale dans la transformation écologique.

    Combien vaut Veolia ?

    Veolia vaut 20.83 milliards de dollars au 20 janvier 2023.

    Les premières centrales nucléaires en France utilisaient du graphite comme modérateur. Fermées depuis longtemps, cette technologie est toutefois très difficile à démanteler. En effet, les couches de graphites sont empilées et il y a énormément de matériaux en jeu: 20 à 30 fois plus qu’un réacteur à eau pressurisée actuel.

    Pour répondre à ce challenge, le 10 décembre 2019, EDF et VEOLIA ont, via leurs filiales respectives Cyclife et Asteralis (maintenant Veolia Nuclear Solutions), annoncé la création d’une entreprise commune: Graphitech. Son objectif est de résoudre le problème du démantèlement des réacteurs nucléaires au graphite.

    Le challenge robotique de Graphitech

    EDF apporterait son expertise nucléaire et, surtout, en matière de démantèlement et VEOLIA des compétences de robotique. En effet, l’un des problèmes est de gérer la radioactivité restante du coeur. Il s’agira donc de concevoir des machines opérées à distance (« outils télé-opérés ») pour découper les « structures en béton et métal, complexes et de grandes dimensions et d’outils d’extraction des briques/empilements de graphite activés, »

    La première mission sera de livrer un scénario de démantèlement du réacteur de première génération Chinon A2 d’ici 2028.

    Un marché mondial

    Il y a actuellement 80 réacteurs reposant sur le graphite, dont la majorité (cinquantaine) ont été arrêtés. Seul deux réacteur de petite envergure, Fort Saint Vrain (USA) et Windscale (Grande-Bretagne), ont été démantelés. C’est donc un marché mondial de grande ampleur.

    L’entreprise et ses avancées

    L’entreprise, domiciliée à Lyon, est présidée par Estelle Desroches et a comme directeur général Stéphane Beguin. Son chiffre d’affaires en 2021 était de 3 742 600€.

    Le 6 octobre 2020 a été commencée la construction d’un démonstrateur industriel permettant aux ingénieurs de tester les robots devant démanteler le réacteur en graphite de Chinon A2. Ils vont manier des bras mécaniques à distance. Le bâtiment de 2500m² a été inauguré le 23 juin 2022. L’importance de ce démonstrateur pour la technologie nucléaire lui a valu l’appelation de « centre collaboratif de l’AIEA ».

    Un projet européen, INNO4GRAPH rassemble un consortium de 13 acteurs européens, dont Graphitech et EDF, autour du démantèlement des réacteurs modérés au graphite.