Graphitech: démanteler les centrales au graphite

Les premières centrales nucléaires en France utilisaient du graphite comme modérateur. Fermées depuis longtemps, cette technologie est toutefois très difficile à démanteler. En effet, les couches de graphites sont empilées et il y a énormément de matériaux en jeu: 20 à 30 fois plus qu’un réacteur à eau pressurisée actuel.

Pour répondre à ce challenge, le 10 décembre 2019, EDF et VEOLIA ont, via leurs filiales respectives Cyclife et Asteralis (maintenant Veolia Nuclear Solutions), annoncé la création d’une entreprise commune: Graphitech. Son objectif est de résoudre le problème du démantèlement des réacteurs nucléaires au graphite.

Le challenge robotique de Graphitech

EDF apporterait son expertise nucléaire et, surtout, en matière de démantèlement et VEOLIA des compétences de robotique. En effet, l’un des problèmes est de gérer la radioactivité restante du coeur. Il s’agira donc de concevoir des machines opérées à distance (« outils télé-opérés ») pour découper les « structures en béton et métal, complexes et de grandes dimensions et d’outils d’extraction des briques/empilements de graphite activés, »

La première mission sera de livrer un scénario de démantèlement du réacteur de première génération Chinon A2 d’ici 2028.

Un marché mondial

Il y a actuellement 80 réacteurs reposant sur le graphite, dont la majorité (cinquantaine) ont été arrêtés. Seul deux réacteur de petite envergure, Fort Saint Vrain (USA) et Windscale (Grande-Bretagne), ont été démantelés. C’est donc un marché mondial de grande ampleur.

L’entreprise et ses avancées

L’entreprise, domiciliée à Lyon, est présidée par Estelle Desroches et a comme directeur général Stéphane Beguin. Son chiffre d’affaires en 2021 était de 3 742 600€.

Le 6 octobre 2020 a été commencée la construction d’un démonstrateur industriel permettant aux ingénieurs de tester les robots devant démanteler le réacteur en graphite de Chinon A2. Ils vont manier des bras mécaniques à distance. Le bâtiment de 2500m² a été inauguré le 23 juin 2022. L’importance de ce démonstrateur pour la technologie nucléaire lui a valu l’appelation de « centre collaboratif de l’AIEA ».

Un projet européen, INNO4GRAPH rassemble un consortium de 13 acteurs européens, dont Graphitech et EDF, autour du démantèlement des réacteurs modérés au graphite.