Le programme nucléaire indien est unique dans le monde: marqué par la réprobation internationale suite à son essai nucléaire de 1974, il a la particularité de s’orienter vers une filière au thorium. Il est caractérisé par une histoire riche et des enjeux majeurs. L’Inde dispose d’une capacité électrique totale d’environ 180 GWe en 2009, mais la demande actuelle nécessite au moins 220 GWe. Le nucléaire ne représentait que 4,5 GWe en 2010, principalement en raison de l’embargo imposé au pays entre 1974 et 2008.
Historique et politique nucléaire indienne
Les débuts du programme nucléaire (1944-1954)
Le père du programme nucléaire indien, Homi J. Bhabha, a fondé le Tata Institute of Fundamental Research (TIFR) en 1944. Après l’indépendance de l’Inde en 1947, il a convaincu le Premier ministre Jawaharlal Nehru de l’importance d’un programme nucléaire ambitieux pour le développement du pays. En 1954, l’Inde a créé l’Atomic Energy Commission (AEC) pour superviser la recherche et le développement de l’énergie nucléaire.
Lancement du programme en trois étapes (1954-1974)
Le programme nucléaire en trois étapes a été élaboré pour tirer parti des ressources nationales de l’Inde, en particulier ses réserves de thorium. La première étape consistait à développer des réacteurs à eau lourde fonctionnant à l’uranium naturel. La deuxième étape prévoyait la construction de réacteurs à neutrons rapides pour produire du plutonium à partir de l’uranium. Enfin, la troisième étape impliquait l’utilisation de réacteurs à sels fondus au thorium pour générer de l’électricité et produire de l’uranium-233 à partir du thorium.
Premier réacteur nucléaire et essai d’explosif nucléaire (1956-1974)
En 1956, le premier réacteur nucléaire de recherche indien, Apsara, est devenu opérationnel. En 1960, le premier réacteur de puissance, le Tarapur Atomic Power Station, a été mis en service. Cependant, l’essai d’explosif nucléaire en 1974, nommé « Smiling Buddha », a conduit à l’isolement international de l’Inde et à l’arrêt de l’aide étrangère pour son programme nucléaire.
Période d’isolement et autarcie (1974-2008)
Pendant cette période, l’Inde a développé ses propres technologies nucléaires et a construit plusieurs réacteurs de puissance. Malgré les défis posés par l’isolement international, l’Inde a réussi à maîtriser l’ensemble du cycle nucléaire.
Levée de l’embargo et coopération internationale (2008-présent)
En 2008, l’Inde a signé un accord de garanties avec l’AIEA, permettant au Groupe des Fournisseurs Nucléaires (NSG) d’autoriser le commerce nucléaire civil avec l’Inde. Depuis lors, l’Inde a signé des accords de coopération bilatéraux avec plusieurs pays, dont la France, les États-Unis et la Russie. Ces accords ont permis à l’Inde de recevoir des technologies, des matériaux et du soutien pour son programme nucléaire.
Les fournisseurs étrangers ont également signé des accords avec NPCIL pour la construction de réacteurs à eau légère. AREVA a été le premier occidental à signer un contrat commercial avec l’Inde, portant sur la fourniture de 300 tonnes d’uranium naturel destiné à alimenter les réacteurs indiens déjà soumis aux garanties de l’AIEA.
Aujourd’hui, l’Inde poursuit son programme nucléaire en trois étapes et cherche à augmenter sa capacité de production d’électricité nucléaire pour répondre à la demande croissante en énergie du pays. Bien que l’Inde ait fait des progrès significatifs dans le développement de son secteur nucléaire, elle doit encore relever de nombreux défis, notamment en matière de sécurité, de gestion des déchets et d’acceptation publique.
Le programme nucléaire civil indien a débuté en 1947 avec Homi J. Bhabha, qui a persuadé le premier ministre Nehru de lancer un programme électronucléaire ambitieux, appelé « three-stage program ». La stratégie indienne était de développer des réacteurs fonctionnant au thorium en raison de ses importantes réserves nationales. Les étapes du programme comprenaient le développement de réacteurs à eau lourde, puis de réacteurs à neutrons rapides pour produire du plutonium nécessaire au cycle du thorium.
Défis et perspectives
Malgré les succès enregistrés, l’Inde doit relever plusieurs défis pour développer son secteur nucléaire.
- Premièrement, l’approvisionnement en uranium est un enjeu majeur pour l’Inde. Les réserves nationales d’uranium sont limitées et de faible qualité, ce qui entraîne des coûts élevés d’extraction et de traitement. L’accès aux marchés internationaux de l’uranium est donc essentiel pour soutenir la croissance du secteur nucléaire.
- Deuxièmement, le développement des technologies de réacteurs à thorium reste un objectif clé pour l’Inde en raison de ses abondantes réserves de thorium. Cependant, la mise en œuvre de la technologie des réacteurs à sels fondus de thorium (MSR) est encore à un stade préliminaire, et l’Inde doit investir dans la recherche et le développement pour concrétiser cette ambition.
- Troisièmement, les questions de sécurité et de sûreté nucléaire sont cruciales pour le développement du secteur nucléaire en Inde. Le pays doit s’assurer que ses installations sont conformes aux normes internationales de sûreté et mettre en place des mécanismes de régulation et de contrôle rigoureux pour minimiser les risques d’accidents.
- Quatrièmement, la gestion des déchets nucléaires est un autre défi important. L’Inde doit développer des solutions de stockage sûres et durables pour les déchets radioactifs, y compris les déchets de haute activité et les combustibles usés.
Dans l’ensemble, le secteur nucléaire en Inde offre un potentiel considérable pour aider à répondre à la demande croissante d’électricité et à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour relever les défis mentionnés, l’Inde doit investir dans la recherche et le développement, renforcer la coopération internationale, améliorer les normes de sécurité et de sûreté, et impliquer le public dans le dialogue sur l’énergie nucléaire. Si ces défis sont relevés avec succès, l’énergie nucléaire peut jouer un rôle clé dans la transition énergétique de l’Inde vers un avenir plus durable et moins dépendant des combustibles fossiles.
L’électricité en Inde
La puissance électrique totale installée en Inde fin 2009 est d’environ 180 GWe, alors que la demande actuelle requiert un parc installé d’au moins 220 GWe. 45% des familles indiennes n’ont pas accès à l’électricité et les 55% autres sont confrontées à des coupures d’électricité programmées quotidiennement. Le nucléaire représente une part très faible du mix électrique, avec 4,65 GWe de puissance installée en 2010. Cette situation résulte d’une volonté politique ininterrompue, mais handicapée par l’embargo subi par le pays entre 1974 et 2008.
| Nom du réacteur | Tech | Mwe | EnTWh | ConstructionStart | GridConnec | Démantèlement | Loadfactor |
| TARAPUR-2 | BWR | 200 | 46.97 | 01/10/64 | 05/05/69 | 62.6% | |
| TARAPUR-1 | BWR | 200 | 45.39 | 01/10/64 | 01/04/69 | 60.9% | |
| RAJASTHAN-1 | PHWR | 207 | 10.14 | 01/08/65 | 30/11/72 | 17.2% | |
| RAJASTHAN-2 | PHWR | 207 | 37.64 | 01/04/68 | 01/11/80 | 56.6% | |
| MADRAS-1 | PHWR | 202 | 31.49 | 01/01/71 | 23/07/83 | 48.3% | |
| MADRAS-2 | PHWR | 202 | 38.05 | 01/10/72 | 20/09/85 | 61.0% | |
| NARORA-1 | PHWR | 202 | 35.06 | 01/12/76 | 29/07/89 | 61.6% | |
| NARORA-2 | PHWR | 202 | 34.75 | 01/11/77 | 05/01/92 | 64.5% | |
| KAKRAPAR-1 | PHWR | 202 | 31.23 | 01/12/84 | 24/11/92 | 60.8% | |
| KAKRAPAR-2 | PHWR | 202 | 33.19 | 01/04/85 | 04/03/95 | 68.7% | |
| KAIGA-1 | PHWR | 202 | 30.30 | 01/09/89 | 12/10/00 | 77.6% | |
| KAIGA-2 | PHWR | 202 | 30.88 | 01/12/89 | 02/12/99 | 76.8% | |
| RAJASTHAN-3 | PHWR | 202 | 29.83 | 01/02/90 | 10/03/00 | 77.1% | |
| RAJASTHAN-4 | PHWR | 202 | 30.34 | 01/10/90 | 17/11/00 | 80.6% | |
| TARAPUR-4 | PHWR | 502 | 53.73 | 08/03/00 | 04/06/05 | 72.1% | |
| TARAPUR-3 | PHWR | 502 | 55.36 | 12/05/00 | 15/06/06 | 78.7% | |
| KAIGA-3 | PHWR | 202 | 18.82 | 30/03/02 | 11/04/07 | 72.4% | |
| KAIGA-4 | PHWR | 202 | 17.25 | 10/05/02 | 19/01/11 | 89.1% | |
| RAJASTHAN-5 | PHWR | 202 | 21.05 | 18/09/02 | 22/12/09 | 92.1% | |
| RAJASTHAN-6 | PHWR | 202 | 18.55 | 20/01/03 | 28/03/10 | 82.1% | |
| RAJASTHAN-7 | PHWR | 630 | 18/07/11 | ||||
| RAJASTHAN-8 | PHWR | 630 | 30/09/11 |
Les pays produisant de l’énergie nucléaire
- États-Unis : 94 718 GW
- France : 61 370 GW
- Chine : 53 170 GW
- Russie : 27 727 GW
- Corée du Sud : 24 489 GW
- Japon : 16 321 GW
- Canada : 13 624 GW
- Ukraine : 13 107 GW
- Espagne : 7 121 GW
- Suède : 6 935 GW
- Inde : 6 795 GW
- Royaume-Uni : 5 883 GW
- Finlande : 4 394 GW
- Émirats arabes unis : 4 107 GW
- Allemagne : 4 055 GW
- République tchèque : 3 934 GW
- Belgique : 3 928 GW
- Pakistan : 3 262 GW
- Suisse : 2 973 GW
- Slovaquie : 2 308 GW
Références
- Sur la politique indienne: Le choix controversé du nucléaire en Inde (https://www.cairn.info/revue-etudes-2011-9-page-151.htm)
- https://inis.iaea.org/collection/NCLCollectionStore/_Public/43/038/43038335.pdf
