Jimmy: des mini-réacteurs nucléaires graphite-gaz
Jimmy Energy est une startup française développant des microréacteurs modulaires d’une puissance de 10 à 20MWth utilisant une technologie graphite-gaz de 4e génération, à hautes température, dont la particularité n’est de pas produire d’électricité. En effet, ces réacteurs se destinent uniquement à la production de chaleur (industrielle). Elle a été fondée en 2020 par Antoine Guyot et Mathilde Grivet et plusieurs acteurs industriels et elle est conseillée par des acteurs de très haut niveau (ex: Franck Carré, directeur scientifique au CEA, Dominique Vignon, ancien PDG de Framatome …).
La technologie des réacteurs Jimmy
Les réacteurs Jimmy sont des réacteurs haute température (HTR) de 4e génération. Ils utilisent le graphite comme modérateur et l’hélium comme gaz caloporteur. Ce dernier transmet la chaleur dans un échangeur au circuit secondaire, contenant du CO2, qui la transmet au site industriel. La températeur du coeur s’élèverait à 600°C et pouvant monter à 750°C. La technologie HTR a déjà été l’objet de nombreux prototypes et un petit réacteur modulaire l’exploitant est même fonctionnel en Chine (Shidao Bay).
La particularité des réacteurs Jimmy est qu’ils ne produisent pas d’électricité, mais ont uniquement pour objet de décarboner la chaleur industrielle. Les réacteurs au graphite sont en effet trop volumineux s’il s’agit de produire de l’électricité.Toutefois, le fait d’utiliser directement la chaleur serait une nouveauté.
Le combustible utilisé par ces réacteurs est très particulier: il s’agit de particules composées d’un noyau d’uranium et entouré de gaines résistantes. C’est le combustible dit « Triso« . Point noir, le combustible aurait besoin d’être très enrichi: 19.75% d’U235 !
La sécurité du procédé serait parfaite: en cas d’incident le réacteur se stabiliserait ou s’éteindrait. Le modérateur graphite permettrait ensuite d’évacuer passivement la chaleur. (Source)
On peut souligner que le démantèlement des réacteurs au graphite pose problème actuellement: on ne sait pas faire … pour les gros réacteurs. En effet, les nombreux projets sur le sujet (Graphitech, Inno4graph, Cleandem) répondent aux problème du démantèlement des « gros » réacteurs au graphite, qui sont tellement énormes que de nouveaux outils sont nécessaires. Les micro-réacteurs comme ceux de Jimmy ne posent pas (à ma connaissance, des petits réacteurs au graphite ayant déjà été démantelés) de problème particulier.
Avancement et financement de la startup Jimmy
Jimmy a été fondée en 2020 par Antoine Guyot (CEO) et Mathilde Grivet (COO). La cible principale de l’entreprise sont les entreprises des secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire ou de la papeterie.
En février 2022, la startup a levé 2,2 millions d’euros, ce qui a permis de poser les fondations de l’entreprises (recruter 20 personnes, trouver un premier client pour accueillir le premier générateur, finir une première phase de conception, amorcer la phase réglementaire)
Une seconde levée de fonds, en octobre 2022, s’élève à 15 millions €, devrait permettre de finaliser la conception et lancer la seconde phase réglementaire, la plus importante
Les investisseurs sont notamment EREN industries, Noria, Otium Capital et Polytechnique Ventures.
Le premier générateur serait prévu pour 2026.
- Sur le combustible TRISO : https://doseequivalentbanana.home.blog/2020/08/10/triso-et-reacteurs-a-haute-temperature/