Les circuits courts non-alimentaires

Dans notre définition des circuits courts, nous avons mis l’accent sur les circuits courts alimentaires parce que ce sont les circuits courts les plus familiers au grand public et qui porte le plus de promesses pour la société. Toutefois, il y en a d’autres. On peut :

  • trouver des circuits courts de fleur
  • imaginer des circuits courts industriels
  • constater que les circuits courts de service sont déjà très répandus

Les circuits courts de fleurs

Les fleurs ont fondamentalement les mêmes difficultés que les légumes :

  • elles sont souvent produites en grandes quantités, d’un coup
  • elles se périment très vite
  • la demande est très changeante

Toutefois, elles ont un point négatif : on peut s’en passer. Par contre, leur dimension organoleptique (beauté / odeur) et leur durabilité sont plus centrales et sensibles, on a donc un facteur de différenciation plus fort qu’avec les légumes (on va rarement admirer une carotte ou un chou fleur …).

Il y a peu de projet en ce sens. Je n’ai trouvé fleurs d’ici qui vend des bouquets de fleurs venant d’horticulteurs proches.

Quid des circuits courts industriels ?

L’industrie connait des enjeux assez proches de l’alimentation:

  • le transport coute cher, on préfère quand il est court
  • les produits peuvent être périssables
  • la qualité des produits est variable selon les fournisseurs (ex : présence d’impuretés dans les produits chimiques), la confiance est importante

Toutefois, il y a des différences assez radicales :

  • on est souvent sur des volumes assez importants rendant le recours à un transporteur plus souvent rentables.
  • l’incitation à réduire son empreinte carbone est beaucoup plus sensible chez les particuliers que chez les entreprises.
  • la sensibilité à la salubrité du bien transmis est moindre, vu qu’on ne le mange pas (#captainobvious).
  • Surtout, on fonctionne alors d’entreprise à entreprise. Il y a bien sûr des humains derrière : votre responsable des achats va apprendre à connaître les agents du service client de votre fournisseur ; vos directeurs iront peut-être discuter ensemble régulièrement; toutefois, au final, ce sont bien deux entreprises qui contractent ensemble et bénéficient de leur échange.

On perd donc l’essentiel des incitations à faire des circuits courts. D’ailleurs, je ne crois pas avoir vu d’initiative allant en ce sens. N’hésitez pas à m’en parler si vous en voyez une.

Quid des circuits courts de services ?

En fait, ces circuits existent : ce sont les plateformes de mise en relation, comme Malt ou Fiverr. On retrouve une logique de désintermédiation, mais un peu spéciale. En l’espèce les « circuits longs » consisteraient à passer par des agences, qui sous-traiteraient une ou plusieurs fois les tâches. C’est une pratique fréquente, il me semble, dans le bâtiment ou l’informatique.

Ces services n’empêchent pas cela (une agence peut très bien passer par Malt pour une prestation), mais permettent aux freelance d’avoir une alternative. Donc on retrouve la logique d’une plus juste répartition de la valeur.

Toutefois, on a fois quelque chose de très éloigné des AMAP et même des places de marché en ligne. En effet, il n’y a pas la dimension de proximité locale : vous n’avez pas besoin d’habiter un endroit spécifique pour vous inscrire et vous pouvez parfaitement contracter avec quelqu’un à l’autre bout du monde. L’origine du travail importe peu tant qu’il est bien fait.

Notez que certains entrepreneurs peuvent déclarer éviter les plateformes mettant en contact avec des gens précaires pour des raisons « sociales » (volonté de ne pas « exploiter » autrui). Je ne crois toutefois pas avoir vu de plateforme en faisant son argument de vente.

S’agissant de la logique de lien social au centre du rapport marchand, c’est plus compliqué. Avoir un prestataire en qui vous pouvez avoir confiance pour faire le travail à fond et penser à ce que vous auriez pu oublier est un élément important de la relation commerciale.

Néanmoins, vous pouvez aussi contracter une fois avec quelqu’un et vous arrêter là. Il n’y a pas de contrat social dès le début et il peut s’arrêter n’importe quand. Cette dimension humaine n’est pas systématique.

Pour aller plus loin :

Les circuits courts de distribution et de production