Définition Greentech

Définition de Greentech : la greentech est le secteur d’innovation répondant aux enjeux écologiques modernes. On parle également de cleantech.


Pendant longtemps, « greentech » a rimé avec production d’énergie renouvelable. On a ainsi parlé de l’explosion de la bulle greentech lorsque, en 2011, les sociétés de production de panneaux photovoltaïques (Solyndra notamment) se sont effondrées aux États-Unis, écrasées par la concurrence chinoise.

Cette conception est très limitante et, en fait, s’inscrit plus dans une logique de « greenwashing-tech », où l’innovation surfe sur des tendances sans se préoccuper de la viabilité ou non de ce qu’elle développe. C’est typiquement le problème des énergies renouvelables, dont la principale difficulté, le stockage, n’est toujours pas résolue.

Cette perspective restrictive est évidemment absurde.

Tous les mouvements écologistes se qualifient de « verts ». Il est donc logique que la notion de greentech recouvre l’ensemble des startups répondant aux enjeux écologiques modernes.

C’est du reste comme cela qu’elle est aujourd’hui utilisée et c’est le sens que nous lui donnons.

Les startups greentech

Les startups greentech ont principalement pour objet de répondre aux enjeux environnementaux modernes, comme le déréglement climatique ou le déclin de la biodiversité. Pour être qualifié de « greentech », le projet doit par lui-même avoir cet objectif: je n’appelle pas greentech une entreprise ordinaire qui plante un arbre si vous leur achetez quelque chose.

Rapide panorama des greentechs

Les innovations technologiques greentech vont globalement avoir pour objet de répondre à trois grands problèmes :

  • la pénurie de ressources (eau, biodiversité, alimentation),
  • le besoin de décarboner l’énergie (développement des énergies bas carbone, du stockage, des réseaux, éco-mobilité et efficacité énergétique)
  • la nécessité de rendre l’économie plus responsable (produits, industrie et consommation responsables, gestion des déchets et de la pollution)

J’ai écrit des articles sur plusieurs startups de ce domaine :

  • Homeys : monitorer et optimiser la consommation énergétique du chauffage des immeubles résidentiels.
  • Sterblue : la smart maintenance des réseaux électriques
  • Tryon : des modules permettant une méthanisation locale
  • Comwatt : une combinaison de logiciels et de panneaux photovoltaïques pour optimiser l’auto-consommation des foyers
  • Ombrea : des panneaux permettant de gérer l’ensoleillement pour les cultures (ex : vignes)
  • Iadys : des robots pour nettoyer les zones aquatiques (checkez la photo
  • Panga : efficacité énergétique des bâtiments (smart building et deux trois autres trucs, je vous laisse regarder)
  • Adionics : Permet d’extraire des métaux, comme le lithium, de l’eau de mer.
  • Beebryte : SaaS optimisant les systèmes de chauffage-ventilation-climatisation (CVC) et les systèmes de réfrigération.
  • Bluedigo : Mobilier de bureau d’occasion
  • Afyren : la chimie verte
  • Woodoo : le bois augmenté
  • N-Drip : l’irrigation au goutte à goutte améliorée
  • Infarm : fermes verticales
  • Myeasyfarm : agrégateur de solutions d’agriculture de précision (un de mes projets préférés)
  • Eel Energy : hydroliennes mimant des anguilles

J’ai aussi interviewé Sedipec, qui propose d’améliorer la protection contre les innondations. Elle a une dimension écologique, puisqu’elle permet de s’adapter au déréglement climatique et à des effets secondaires de l’empreinte humaine (ex : déforestation). Toutefois elle ne prévient pas les problèmes eux-mêmes. Bref, ça se discute, cette définition a probablement vocation à évoluer.

Vous pouvez trouver le panorama général dans notre livre « Les startups greentech ».

L’écologie doit définir la greentech

Pour qu’une startup soit inclue dans les greentechs, la dimension écologique doit être principale et non incidente.

Ainsi, le fait qu’une startup qui reverse X % de ses bénéfices à des associations environnementales ou pour planter des arbres n’en fait pas une greentech.
Idem pour une entreprise de vêtements ne se fournissant que chez des producteurs « écoresponsables » : elle pourrait très facilement changer de fournisseurs sans que son produit ne change pour autant.

L’objectif est bien de donner une vision globale des innovations technologiques visant à résoudre un enjeu environnemental moderne.

Pourquoi je ne parle pas de cleantech ?

Beaucoup préfèrent parler de cleantech. Ces deux termes sont utilisés de manière équivalente. J’ai toutefois préféré greentech pour deux raisons :

  • le terme « cleantech » est au figuré : au sens propre (c’est le cas de le dire :p), il évoque les sociétés de nettoyage et d’assainissement. Il est donc un peu déroutant pour le grand public et peut davantage faire penser au domaine de la santé.
  • l’idée que ce qui est écologique serait « propre » renvoie à un référentiel moral (empruntant notamment à la notion de pureté), qui me semble dangereux et induisant en erreur.

L’écosystème français de la Greentech

Le ministère de la transition écologique a mis en place plusieurs dispositifs pour favoriser le développement de la greentech et permettre aux entreprises innovante de France ayant un impact positif sur l’environnement de se diffuser dans le Monde.

L’initiative greentech innovation

L’initiative greentech innovation est un ensemble d’actions:

  • La sélection de 20 startus françaises greentechs pour profiter d’un accompagnement de la Mission FrenchTech. (ils parlent d’initiative Green20)
  • Un réseau national « Incubateurs Greentech » composé de 28 membres actifs et ayant pour objet de rapprocher l’innovation, le secteur privé, la recherche et l’administration.
  • Un « living lab » à Saint Mandé, proche de plusieurs administrations actrices de l’environnement (« IGN, de MétéoFrance, de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) et de l’office français de la biodiversit (OFB) »).
  • Un accompagnement destiné à améliorer la visibilité (utilisation du logo, écho des actualités, mention dans l’annuaire des entreprises lauréates …), le marketing (mise à disposition d’études de marché, de base de contact presse) et la commande publique (facilitation de l’accès aux marchés publics et formation à la commande publique). Cette dernière aide pourrait s’avérer particulièrement importante, considérant qu’il y a des milliards d’euros (
  • Un podcast et un programme annuel de webinaires
  • Un événement , le meet up greentech, et des rendez-vous d’affaires.
  • Un listing de 215 entreprises (startup et PME) comprenant l’activité, l’email et la place dans la classification du ministère de la transition écologique (« Alimentation et agriculture durables ; bâtiment et ville durable ; décarbonation de l’industrie ; eau, biodiversité et biomimétisme ; économie circulaire ; énergies renouvelables et décarbonnées ; Innovation maritimes et écosystèmes marins, mobilité durable ; prévention des risques ; santé-environnement ; numérique éco-responsable »)

Elle rassemblerait une communauté de « 215 start-up et PME innovantes » (sans qu’on sache la nature exacte de cette « communauté »), visiblement recrutés à partir d’un appel à manifestation d’intérêt.

L’initiative greentech innovation semble remplacer « greentechverte ». Le site est : https://greentechinnovation.fr/

Malheureusement, il y a très peu de données concrètes sur la portée de ces dispositifs. Chacun d’eux pourrait, en réalité, ne représenter rien de concret : « accompagnement », « incubateurs », « living lab », podcast, etc. sont des mots très creux en réalité. Cela ne dit rien de l’aide réelle apportée. Seul « l’accompagnement » est un peu détaillé, mais reste très flou.