Transmutex: réacteur nucléaire et accélérateur de particules

Transmutex est une startup franco-suisse, proche du CERN, développant un réacteur « TMX-START » très particulier: étant sous-critique, les neutrons seraient apportés par un accélérateur de particules, qui transmuterait le combustible fertile (thorium) en combustible fissile (uranium 233). Ces neutrons rapides permettraient également la transmutation des atomes plus problématiques (ex: americium), ce qui limiterait radicalement les déchets radioactifs produits.

La technologie Transmutex: une sécurité absolue ?

Le réacteur Transmutex, appelé « TMX-START » (Transmutex Subcritical Transmutation Accelerated Reactor with Thorium) est « sous-critique »: il n’y a pas de réaction en chaîne auto-entretenue. Si l’apport externe de neutrons cesse, la réaction s’arrête presque immédiatement: en 2ms selon Transmutex. On peut se demander comment un accident pourrait se produire dans ce contexte.

Oui mais alors, d’où viennent les électrons ? C’est la partie ésotérique du projet: ils viennent d’un accélérateur de particules (un cyclotron de 800MeV – 5mA, de 40x60m, inspiré du projet MEGAPIE) ! Les protons approchant la vitesse de la lumière vont, en heurtant les cibles de métal placées à l’intérieur, produire des neutrons par « spallation ». Contrairement à ce qu’on peut croire, ce type d’équipement ne sont pas rares: il y aurait 30 000 accélérateurs de particules dans le monde, principalement à des fins médicales. En l’espèce, ce procédé est appelé « Accelerator Driven System » (ADS).

Le combustible serait du thorium (fertile) qui se transformerait en uranium 233 (fissile) avant de fissionner. Les neutrons seraient « rapides » (et non lents ou thermiques), ce qui permet la transmutation et limiterait radicalement les déchets produits (de l’ordre de quelques kilos au lieu de tonnes) et d’une durée de vie plusieurs milliers de fois moindre. (source) Ils pourraient même transmuter et utiliser des atomes plus lourds, comme le plutonium, neptunium ou americium. Le caloporteur est un alliage de plomb-bismuth fondu. Le prix de l’énergie (LCOE) est estimé à moins de 70$/MWh. (source)

Le réacteur n’est pas à proprement parler de 4e génération, ne faisant pas partie de la liste, mais il semble qu’il pourrait y trouver sa place.

La puissance visée du réacteur est actuellement de 100 MW.

Avancement et financement de Transmutex

Transmutex a été cofondé en 2019 par Franklin Servan-Schreiber (CEO) et Federico Carminati (CSO) à Genève. Ce dernier a notamment travaillé au CERN, avec Carlo Rubbia, qui avait approfondi dans les années 90 l’idée derrière le START. Le projet est conseillé par plusieurs scientifiques de haut niveau, dont une large part a travaillé au CERN.

Transmutex serait partenaire le CERN, mais aussi de

  • l’Argonne National Laboratory, pour ce qui est relatif au combustible et au caloporteur
  • l’ENEA, pour les cibles du cyclotron et le design du coeur
  • l’Institut Paul Scherrer pour le cyclotron et la cible
  • L’institut tchèque CVR pour des validations expérimentales
  • Alcen, qui avait dessiné les circuits de cellules chaudes pour Astrid, pour la robotisation et les cellules chaudes
Interview par la SFEN

Ils auraient développé des outils digitaux avancé pour modéliser et simuler leur système.

Une première levée de fonds (15 millions de francs suisse d’après la vidéo) a été bouclée en novembre 2021 avec le fonds de capital-risque UVC.

L’installation pilote de 300MW est estimée à 2 milliards de francs suisses (~€). Ils espèrent la concevoir avant 2030.

FAQ

Où est le siège social de Transmutex ?

Transmutex est localisé à Genêve, en Suisse.

Comment la transmutation aide au traitement des déchets nucléaires ?

Le bombardement de neutrons rapides peut transformer les radionucléides avec une longue durée de vie et une forte intensité en des atomes moins radioactifs, moins longtemps.