Peter Zeihan, la production de porc et la géopolitique, perspectives en 2002
Peter Zeihan, auteur de « The end of the world is just beginning, mapping the collapse of globalization », a fait une conférence très intéressante sur l’impact géopolitique sur la production de porc. Je vous en fait un court résumé. Elle date de juillet 2022.
Le présupposé fondamental est le suivant: vous ne pouvez pas avoir une exploitation porcine dans le monde moderne sans des volumes massifs de soja et de maïs (1’40). Le problème fondamental est le suivant: la production de soja et de maïs mondiale va s’effondrer (« is going to shit ») … sauf aux US.
Il prend une carte des exports/import de maïs en 2019. L’Ukraine, représentant 17.1%, « disparait » et ne reviendra pas (il emploie des termes radicaux « and is never coming back », mais ça veut évidemment dire pas dans un délai raisonnable). [c’est très court] S’agissant du soja, le Brésil, qui représente 55.5%, disparait et ne reviendra pas.
Il résume son point en une phrase: « L’essentiel de votre compétition (il s’adresse aux producteurs de l’Iowa) ne sera plus là d’ici trois ans ». (2’39 »)
La guerre en Ukraine
Il discute la géographie et la géopolitique militaire de Russie. Pour se défendre, cette dernière aurait besoin de pouvoir tenir 9 points géographiques. L’URSS les détenait, mais avec son effondrement, la Russie n’en tient plus qu’un. (5’50 ») Occuper ces espaces aurait été l’objectif des guerres récentes, en Géorgie, la Crimée, etc. L’Ukraine ne serait qu’une étape intermédiaire. Il faudrait aussi contrôler la pologne et les pays baltes. Ce serait un enjeu vital pour la Russie.
Il souligne ensuite qu’il est impératif de stopper les russes en Ukraine pour empêcher une confrontation directe avec l’OTAN et ce que l’US doit leur envoyer comme armes pour cela. Il parle de la guerre, je passe. Il détaille la dimension systématique des violences russes contre les civils et le fait qu’ils détruisent systématiquement les infrastructures civiles, spécialement le matériel agricole. Les capacité d’export de l’Ukraine seraient en outre réduites drastiquement (15% max). (15’44)
Les denrées impactées
En assimilant les exports de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie, il y a plusieurs denrées pour lesquelles ils sont prédominants.
- Le pétrole se déplaçant dans le permafrost serait très exposée au gel si le flux stoppe, auquel cas le tuyau se fend. Cela s’était produit en 1992, avec l’effondrement de système soviétique. Cela leur aurait pris 30 ans pour tout remettre en route. Selon lui, cela aurait de fortes chances de se produire et d’enlever durablement 6 millions de barils de pétrole brut par jour du marché. (17’30 »)
- Réduction forte des exportations de blé et suppression
- Fertilisant, potasse et ammoniac. Ce serait le principal problème. 40% de la potasse pourrait disparaître.
La Chine et le phosphate
Il aborde la Chine, le fait que Xiping aurait implémentait une autocratie désarticulée, faisant des choix aussi débiles que d’asperger les zones d’atterrissage de la javel. L’inefficacité du vaccin chinois et l’absence, en Chine, d’immunité naturelle, aboutirait, en cas de levée du confinement ou de diffusion de l’épidémie à des dégats terrifiants. La gestion de l’épidémie
Pour le porc, il évoque la fièvre porcine africaine 3 ans plus tôt, lorsqu’ils auraient dû importer « plus de porcs que le reste du monde vend ». Le gouvernement aurait donc envoyé des subventions pour la production de porc à 2 millions de personnes, dont une large part ne saurait pas grand chose à l’élevage de porc. Ils importeraient donc beaucoup d’aliments, même peu appropriés. En outre, le pays serait également au milieu d’une autre épidémie de fièvre porcine africaine (ASF). Leur production de porc serait donc en danger. Tout ce qu’il leur resterait serait le riz, qui est la culture demandant le plus d’apport en phosphate.
Il s’avère que la Chine, gros exportateur de phosphate, aurait d’ailleurs stoppé tout export jusqu’à nouvel ordre. (25′)
Oil and gas (25’10 » )
Investissement en pétrole et gaz divisé par 2 entre 2010 et 2020. La production resterait basse dans les prochaines années.
Un autre point important est l’immense route d’approvisionnement de la péninsule arabique vers la Chine. (27’42) Or, les navires chinois auraient une très faible autonomie, de l’ordre de 400-1000km. Ils seraient donc extrêmement vulnérables si un pays ennemi plaçait un destroyer sur cette route.
La présence de sables bitumineux aux US est un gros avantage, leur extraction pouvant être mise en place en quelques mois. En outre, le gaz serait un produit secondaire de l’extraction de sables bitumineux. Il y en aurait tellement produit dans le nord Dakota qui serait perdu, qui auraient dû l’enflammer et que cela se verrait depuis l’espace. (29′) Le prix du gaz serait particulièrement bas, surtout comparé à l’Europe (~x5 ?).
[cela pose problème pour la production d’ammoniaque, c’est implicite]
Insécurité alimentaire et Brésil (32′)
Il présente une carte avec les pays autosuffisants en terme d’alimentation, puis, rappelant que la Russie fait perdre la potasse, la Chine fait perdre le phosphate et le gaz diminue radicalement l’ammoniaque, les (très nombreux) pays qui seraient exposés à une réduction de 40% de leurs rendements. Il y a notamment le Brésil (cf ce qu’il disait en début d’intervention). La malnutrition pourrait toucher 1 milliard de personnes d’ici la fin de l’année (2022 donc ?) et la crise pourrait continuer sur 2023.
Avec la globalisation, les US ont alloué leurs terres les plus riches à des cultures très productives (mais, soja ..) et relégué le blé aux zones peu fertiles, dépendant d’intrants industriels. Si les intrants deviennent rares, ces terres seraient réallouées à des cultures moins rentables et consommant moins d’engrais et le blé réaffecté à des zones plus fertiles. Pour les US, ce ne serait pas un problème (ils produisent sur place ou à des alliés et le Canada fournit la potasse), au contraire du Brésil.
Le sol brésilien serait particulièrement pauvre et donc dépendant aux fertilisants. Or, ils en importent la quasi-totalité, dont une large part de la Russie et de la Biélorussie. (37’40) La production mondiale de soja s’effondrerait et avec elle la production de porc, sauf aux US.
Le seul compétiteur serait l’Argentine. Néanmoins, il serait dépendant aux investissements.
Il évoque ensuite la pyramide des âges et l’impact que cela a sur les investissements (40′). Il développe sur l’évolution des populations et conclue en affirmant que le capital (le cash) n’avait jamais été aussi peu cher et ne le sera pas de sitôt.
S’agissant des pays intéressants pour l’export, s’agirait du Vietnam, du Mexique, de la Colombie et de l’Indonésie. Au contraire, la démographie de la Chine s’effondrant, ce ne serait pas son cas.
L’inflation irait augmenter (50’30 »).