L’industrie cosmétique et l’écologie
Quelques données sur l’industrie cosmétique
L’industrie cosmétique représentait 380 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2019 et 430 milliards en 2022.
La France a une place notable sur ce marché, hébergeant plusieurs des plus grandes entreprises (L’Oreal, Nivea et Chanel). Sur le territoire, elle représente 5900 établissements de 3200 entreprises, rassemblant 164 000 emplois directs et 82 000 emplois indirects. 75% des entreprises emploient moins de 50 salariés. (1) Elle représentait en 2022, 26 milliard d’euros de chiffre d’affaires selon la FEBEA, dont 27% pour la beauté et le soin, 21% pour les parfums, 19% pour l’hygiène et la toilette, 14% pour les produits capillaires, 8% pour le maquillage, 8% pour l’hygiène dentaire et 3% pour l’hygiène bébé. C’est le 3e secteur contribuant le plus à la balance commerciale: 19,2 milliards d’euros, principalement envers les États-Unis et la Chine.
L’impact écologique de l’industrie cosmétique
L’industrie a deux types d’impacts écologiques: des émissions de CO2 (relativement faibles au regard des montants générés) et un impact sanitaire.
Les émissions de CO2
Un rapport du ministère de l’écologie estime que l’industrie des produits cosmétiques est responsable de 0,5 à 1,5% des émissions de GES. Paradoxalement, ce seraient les grosses entreprises qui seraient conscientes de cet impact et tenteraient de le limiter:
« Seules les entreprises les plus importantes recourent à des analyses du cycle de vie (ACV) pour évaluer l’impact environnemental de leurs produits et optimiser leur conception. La plupart des entreprises de taille petite ou moyenne ne sont pas en mesure aujourd’hui de conduire de telles études, en raison de leur coût et de l’absence de personnes compétentes en ce domaine en leur sein. »
Kahn, Mouchart et Saint-Germain (2022) (1)
L’essentiel viendrait de l’usage de biens et service (40%), des emballages (20%), des ingrédients (10%) et du transport (10%). La méthodologie semble néanmoins sujette à caution, les 40% incluant l’énergie pour chauffer la douche de l’usager. Voici l’évaluation des émissions des différents emballages pour un même produit:
Matériau | Poids (g) | Émissions (kgCO2eq) |
PET recyclé | 27,5g | 89 |
PET | 27,5g | 112 |
Verre recyclé | 285 | 425 |
Verre | 285 | 447 |
Aluminium | 34,8 | 884 |
Céramique | 285 | 1087 |
L’impact sur l’environnement et la santé
Le nombre des ingrédients dépassant 20 000, il est essentiel que les données les concernant soient aussi spécifiques que possible et tiennent compte notamment de leurs différents modes de production. Or, la mission a constaté que de nombreuses données manquent, par exemple sur l’écotoxicité, faute de connaissances scientifiques établies sur les impacts potentiels sur l’environnement d’un grand nombre des ingrédients incorporés.
Kahn, Mouchart et Saint-Germain (2022) (1)
Les produits cosmétiques sont très complexes et n’ont pas besoin d’autorisation préalables pour être mis sur le marché. Leur impact sanitaire et environnemental est mal connu.
Certains composants sont connus comme problématiques, comme le parabène, le BHT, le BHA et l’oxybenzone.
Il y a aussi le problème de la pollution plastique:
- la plupart des produits cosmétiques sont en plastique, venant contribuer à la pollution plastique des océans.
- des produits contiennent des « micro-billes » de plastique
Les innovations des industriels
Le rapport rendu au ministre de l’écologie relève « que de nombreuses actions ont été entreprises dans le domaine des emballages des produits (utilisation de matériaux recyclés et recyclables sortie du plastique, etc.), en conformité avec les exigences réglementaires. Des actions portent aussi sur l’optimisation des processus de production proprement dits (diminution des consommations en énergie et en eau, meilleur traitement des déchets, etc.) ». (1) (p.5-6)
Les démarches les plus communes ne sont pas forcément bénéfiques: « Les actions relatives aux ingrédients sont peu développées et se limitent souvent à rechercher plus de « naturel» et de «bio», alors même que les impacts sur l’environnement des ingrédients ne sont que partiellement connus. » (1) (p.6)
Les obstacles
La substitution de matières recyclées est confrontée au manque de plastiques recyclés (polyéthylène ou polypropylène recyclé) et à leur prix plus élevé.
Il y a aussi un problème d’éducation de la population, qui peut aura tendance à penser que « naturel » veut dire « bon pour l’environnement »: « un produit composé d’ingrédients naturels ou d’origine naturelle peut avoir par exemple un très mauvais bilan carbone ou contenir des composants très toxiques pour l’homme ou pour d’autres espèces. » (p.33-34) Une enquête de la DGCRF a d’ailleurs observé que les allégations « bio » et « naturel » était souvent insuffisamment justifiées. Les ventes de cosmétiques bio et naturels (+8) représentaient 6,4% du marché en 2020 (972 millions d’euros). (1) (Étude Xerfi, citée p.36)
Les labels privés peuvent véhiculer une présentation trompeuse ou insuffisante de l’impact environnemental des produits. Les « pseudo labels », des logos « apposés par des entreprises qui les utilisent comme véhicules de communication sur les performances environnementales de leurs produits » aggravent la situation. « D’autres types de confusions peuvent exister : par exemple une entreprise peut adhérer à l’association COSMEBIO de promotion des cosmétiques biologiques et afficher qu’elle en est membre avec le logo de l’association ; cela ne veut pas dire qu’elle est certifiée par un label… » (1)(p.43)
Les différents aspects de l’industrie cosmétique
L’industrie cosmétique a essentiellement 6 sous-secteurs:
Parfums
Ce sous-secteur comprend la création et la distribution de parfums et d’eaux de toilette. Il peut également inclure des produits parfumés pour le corps.
Hygiène et Toilette
Ce domaine couvre une large gamme de produits destinés à l’hygiène personnelle, comme les gels douche, les savons et les déodorants.
Produits Capillaires
Ce sous-secteur englobe tout ce qui concerne les soins des cheveux, y compris les shampoings, les après-shampoings, et les traitements spécifiques comme les masques capillaires ou les produits antipelliculaires.
Maquillage
Ce domaine inclut tous les types de produits de maquillage, des fonds de teint aux rouges à lèvres, en passant par les mascaras et les fards à paupières.
Hygiène Dentaire
Ce sous-secteur comprend les produits destinés à l’hygiène bucco-dentaire, tels que les dentifrices, les bains de bouche et les fils dentaires.
Hygiène Bébé
Ce domaine est spécialisé dans les produits destinés aux bébés, comme les lotions, les shampoings doux et les lingettes.
- (1) Kahn, Mouchart et Saint-Germain (2022), « Rapport sur la transition écologique de la filière parfums et cosmétiques« , rapport n°2021/12/CGE/SG, février 2022