Energy vault: blocs de béton et stockage gravitaire d’électricité

Nous sommes beaucoup à avoir entnedu parler des grandes tour de blocs de béton pour stocker l’électricité. L’énergie cinétique est accumulée lorsqu’on monte les blocs en haut de la tour et restituée lorsqu’on les descend. C’est le projet Energy Vault, que nous allons présenter ici.

La technologie proposée par Energy Vault

Energy Vault propose deux types de produits: un stockage long terme utilisant des blocs de béton et l’énergie gravitaire, et des produits plus conventionnels, stockage court terme (apparemment surtout à base de batteries) et suite logicielle de gestion de charge.

Le stockage long terme

C’est le point central de cette entreprise: le stockage d’énergie sur le long terme à l’aide de blocs de béton. Si l’idée est séduisante, je n’ai pas trouvé de source indépendante étayant sa viabilité.

La tour de béton Energy Vault

Initialement, Energy Vault s’est fait connaître avec le projet de grues géantes pour déplacer des blocs de béton vers le haut (pour stocker d’énergie) ou vers le bas (pour la libérer). Elles édifiaient ainsi des tours immenses. L’entreprise alléguait un rendement de 90% et pouvait atteindre sa puissance maximale en 2.9s. (source) Une tour de 120 mètre pourrait accumuler 20MWh. Le coût serait entre 280-350$/kWh et pourrait descendre, selon Robert Piconi, dirigeant de la startup, à 150$/kWh. (Combier 2018) En 2019, ils annonçaient une capacité de 35 MWh, une puissance maximale de 4 MW et un LCOS de 0.05$/kWh contre « 0.17 dollar par kWh pour les STEP ». (Colas des Francs 2019) L’entreprise annonçait encore en 2021 un LCOS de 0.042€/kWh. Je n’ai pas écho d’éléments confirmant leurs dires. Ces allégations sur le LCOS me laissent assez méfiant.

Ce modèle a fait les gros titres, prétendant de belles performances et étant en principe scalable. Néanmoins, il a été largement critiqué, notamment en raison du risque d’usure mécanique et de prise au vent. Un prototype fonctionnel de 120m de haut, nommé « EV1 » avait été construit en Suisse dans le Tessin. Cette version semblait pourtant avoir pu trouver un succès, l’entreprise aurait vendu 3 projets totalisant un stockage de 1.6 GWh pour 520 millions d’euros en 2021.

Il n’a visiblement pas convaincu, l’entreprise s’étant orienté vers un autre modèle.

Le nouveau modèle

Après l’entrée en bourse d’Energy Vault a été conçu un autre stockage durable, nommé « Energy Vault Resiliency Center » (EVRC). Cette fois, il est présenté sous la forme d’un grand bâtiment de type entrepôt, les blocs étant stockés sur des armatures métalliques.

Si on devine que cela résout le problème de prise au vent, ce modèle pose la question de la quantité de ressource nécessaire.

Un accord avait été signé avec Atlas Renewable pour une installation en Chine. La construction d’une installation de 100MWh aurai commencé en mars 2022. Un accord en septembre signe pour 2GWh d’installation globale.

Stockage d’énergie courte durée et logiciel

Energy Vault commercialise aussi des stockages de courte durée (<4h), « short duration energy storage » (SDES), incluant notamment des batteries lithium-ion. 500MWh de ce système aurait été acheté pour l’associer au parc solaire de 330MW de Meadow Creek, proche de Melbourne (Australie).

L’entreprise commercialise aussi une suite logicielle de gestion de charge.

Une technologie critiquée

Un rapport d’un organisme un peu spécial (ils font des rapports négatifs et parient sur la baisse d’action si j’ai bien compris) relève des anomalies : « Energy Vault (NRGV): New Evidence Leads Us To Downgrade This Company To A Middle-School Science Fair Project« . Energy Vault y a répondu dans un communiqué.

La communication de l’entreprise laisse une mauvaise impression. Je n’ai pas trouvé d’élément expliquant le choix de changer de modèle. Surtout, l’allégation d’un système 3 fois moins cher en LCOS que les STEP me fait froncer les sourcils. En outre, alors que le dirigeant avait annoncé plusieurs contrats en 2019, je n’ai pas vu d’échos ensuite … Idem en 2021 …

Avancement et actualités

Energy Vault est issue du stuatup studio Idealab. Elle est fondée en 2017 en Suisse. Elle a eu un premier round d’investissement de grande ampleur en mai 2019, avec Cemex et 110 millions de dollars de Softbank Vision Fund. Un second round de 100 millions de dollars rassemble en aout 2021 Aramco Energy et les investisseurs précédents.

En février 2022, la holding de la startup entre en Bourse de New York. Le chiffre d’affaire en 2022 serait entre 142 et 152 millions de dollars.


  • Combier E., « Quand le béton fait office de batterie », Les Echos, 26 aout 2018
  • Colas des Francs O., « Quand le mouvement sert à stocker l’energie », Les Echos, 23 octobre 2019