Last Energy: des micro-réacteurs à eau pressurisée

Last Energy est une startup américaine née en 2020 développant des micro-réacteurs de 20MWe à eau pressurisé utilisant la technologie « classique » et fonctionnant à l’uranium enrichi. Leur facteur différenciant est leur format, leur mode de commercialisation (vente d’énergie) et leur rapidité. En effet, ils pourraient développer de nouvelles installation en 24 mois et seraient prets à se déployer dès 2025.

Des microréacteurs à eau pressurisée classiques

Les petits réacteurs modulaires de Last Energy auraient une puissance de 60MWth / 20MWe et seraient, comme nos réacteurs nucléaires français, des réacteurs à air pressurisés (PWR, Pressurized Water Reactors en anglais), ils utiliserent de l’oxyde d’uranium enrichi (< 4.95%) dans des paquets de 17×17 barres de combustible (comme nos réacteurs). Le fait d’utiliser une technologie « classique » est d’ailleurs revendiqué par leur fondateur:

« Nous sommes arrivés à la conclusion qu’utiliser la technologie déjà disponible était la meilleure manière de passer à l’échelle. […] Nous n’innovons pas quant au procesus nucléaire ou aux composants – nous innovons sur l’intégration des systèmes et le business model. »

Bret Kugelmass, cité par Canary media

L’installation se divise entre un « îlot nucléaire », contenant notamment le coeur du réacteur, puis une partie en surface qui gère l’afflux de vapeur. Le ravitaillement serait complet, l’entreprise envisageant même de remplacer tout le coeur (un peu comme les batteries préchargées de scooters) tous les 6 ans, ce qui immobiliserait alors la production 3 mois. Le refroidissement se ferait surtout par l’air. prise au sol serait de 0.5 acre, soit moins qu’un terrain de football.

L’innovation Last Energy: l’exécution

Pour comprendre l’innovation proposée par Last Energy, il faut s’intéresser à la génèse du projet. Bret Kugelmass a, auparavant, fondé Titans of Nuclear, un podcast dans lequel il a pu faire s’exprimer des acteurs du nucléaires. Il en a tiré la conclusion que l’industrie nucléaire s’était sclérosée et stagnait (« ossified et stagnated »).

A l’inverse, les nouveaux arrivants, comme Terrapower ou Newcleo, se focalisent pour la plupart sur de nouvelles technologies, qui posent de nouveaux challenges et rendent les projets plus difficiles à exécuter. Sur ce créneau, il est en concurrence avec Nuscale, le réacteur de GE Hitachi (BWRX-300) et Holtec. Toutefois, leur modèle est plus petit, 20MWe contre plusieurs centaines.

Leur rôle serait celui de maitre d’oeuvre. Le business model aussi serait original: l’entreprise ne vend pas les centrales, mais l’énergie qu’elles produisent. Cela permet de ne pas faire supporter les frais importants au cocontractant. Un réacteur pourrait être produit et délivré en 2 ans, à un prix en capital de 3000$/kWe, en incluant dans les dépenses le prix du démantèlement.

Histoire et avancement de Last Energy

Last Energy est une startup américaine créée par Bret Kugelmass en 2020, dans la suite de l’Energy Impact Center, puis du podcast Titans of Nuclear. Elle aurait déjà signé un contrat pour construire 10 réacteurs modulaires dans la zone industrielle « Legnica Special Economic Zone ». Ils envisagent d’avoir fini la construction dès 2025.

L’entreprise a levé 24 millions de dollars au total (fev 2023), dont 21 viennent de Gigafund. Les autres investisseurs seraient First Round Capital et David Marquardt, ancien président de Microsoft. La structure rassemblerait 40 employés.

Le 20 mars 2023, elle aurait signé 4 accords d’une valeur de $18.9 milliards pour construire 34 petits réacteurs modulaires de 20MW en Europe. La somme correspond au montant que l’entreprise toucherait sur la durée du contrat.